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Justice

Airbags Takata défectueux : une première mise en examen pour blessures involontaires en France

Le distributeur automobile Leal Réunion a été mis en examen après qu’un automobiliste a été gravement blessé, notamment au visage.
A la Réunion, en 2014. (Nicolas Beaumont / Le Pictorium/Le Pictorium)
publié le 25 juillet 2025 à 12h12

C’est une première en France. Un distributeur automobile de l’île de la Réunion a été mis en examen pour les blessures d’un conducteur d’un véhicule, liées à l’explosion de son airbag Takata dont les défauts sont au cœur d’un scandale industriel, soit une première en France, a-t-on appris ce vendredi 25 juillet de source proche du dossier.

Le distributeur automobile Leal Réunion, qui conteste sa responsabilité, a été mis en examen le 27 mars par un juge d’instruction de Saint-Pierre pour violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ayant involontairement causé une incapacité totale de travail supérieure à trois mois.

«Inertie»

L’automobiliste, détenteur d’une BMW, avait été blessé lors d’un accident de circulation le 6 mai 2020. Gravement touché, notamment au visage, à cause de l’explosion du gaz de l’airbag et la projection d’objets, la victime avait porté plainte.

Lors de son interrogatoire, le 27 mars, un responsable de Leal Réunion a affirmé que sa société avait fait «tout [son] possible» pour avertir les utilisateurs de BMW et évoqué de nombreuses difficultés pour parvenir à les joindre. Mais une expertise judiciaire a tempéré cette ligne de défense, évoquant l’«inertie» de Leal qui n’aurait réellement commencé à avertir des détenteurs de BMW qu’«à partir de juillet 2020, soit après l’accident».

D’après la source proche du dossier, la cour d’appel de Saint-Denis a été saisie mardi d’une demande de placement de Leal Réunion sous le statut plus favorable de témoin assisté. Outre divers arguments procéduraux, Me Guillaume Martine, l’un des avocats de la société, «entend démontrer que Leal Réunion a mis en œuvre toutes les diligences possibles pour empêcher que ne surviennent des accidents, en tenant compte de la faible connaissance, à l’époque, de la dangerosité des airbags défectueux».

«Des pouvoirs publics moins mobilisés» à l’époque

«Des entraves diverses existaient, y compris de la part de pouvoirs publics qui étaient alors nettement moins mobilisés qu’ils ne le sont aujourd’hui», a ajouté le conseil, alors que Leal Réunion affirme avoir sollicité en vain auprès de l’Etat l’accès aux données du Système d’immatriculation des véhicules (SIV).

Depuis un nouveau rappel fin juin, 1,7 million de véhicules sont visés par une interdiction de circuler jusqu’au remplacement du dispositif. Les airbags défectueux seraient responsables d’au moins 60 morts dans 11 pays ces quinze dernières années, dont 18 en France.