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Justice

Algérie : 38 personnes condamnées à mort en appel pour le lynchage d’un homme après les incendies en Kabylie

Pris à tort pour un pyromane lors des incendies qui ont ravagé la région en août 2021, Djamel Bensmaïl, peintre de 38 ans, avait été lynché. Lors du premier procès, 49 personnes, parmi la centaine d’accusés, avaient été condamnées à la peine capitale.
Incendie de forêt dans les collines boisées de la région de Kabylie, à l'est de la capitale algérienne Alger, le 11 août 2021. (Ryad Kramdi /AFP)
publié le 23 octobre 2023 à 15h31
(mis à jour le 23 octobre 2023 à 15h31)

Une centaine d’accusés pour la mort d’un homme. Le procès en appel d’une centaine de personnes, accusées d’avoir lynché Djamel Bensmaïl, s’est conclu ce lundi 23 octobre à Alger par la condamnation de 38 d’entre eux à la peine capitale. Ces condamnations seront commuées en prison à vie car un moratoire sur l’application de la peine de mort est en vigueur en Algérie depuis 1993. En première instance, en novembre 2022, 49 personnes avaient été condamnées à la peine capitale.

Outre les 38 condamnés à mort, la Cour a acquitté 27 personnes et condamné les autres à des peines allant de trois à vingt ans de prison ferme. Les personnes ayant été condamnées à la peine de mort ont notamment été reconnues coupables d’«actes terroristes et subversifs ayant porté atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale et à la stabilité des institutions ; de participation à un homicide volontaire avec préméditation ; de complot».

Le lynchage, qui s’est déroulé en août 2021 dans la région de Kabylie, avait soulevé une vague d’indignation dans tout le pays. Djamel Bensmaïl, jeune artiste peintre, était venu aider des villageois à éteindre des incendies dévastateurs, qui ont ravagé des milliers d’hectares et fait au moins 90 morts en moins d’une semaine. Après avoir entendu qu’on le soupçonnait d’avoir déclenché un feu, Djamel Bensmaïl s’était présenté volontairement à la police pour fournir des explications à sa présence. Des images relayées par les réseaux sociaux avaient montré la foule entourant le fourgon de police et extirpant le jeune homme du véhicule après l’avoir frappé. Pris à tort pour un pyromane, l’homme avait été roué de coups puis brûlé vif, tandis que des jeunes prenaient des selfies devant son cadavre.

Les auteurs des selfies avaient tenté d’effacer leurs traces mais des internautes de tout le pays ont compilé des vidéos et effectué des captures d’écran pour que le crime, qui avait marqué les esprits par son horreur, ne reste pas impuni. Les interpellations avaient eu lieu dans plusieurs régions du pays et certaines personnes impliquées dans le lynchage avaient été livrées à la police par leur propre famille.