Kamilya, fillette de 7 ans percutée le 29 août par un motard à Vallauris-Golfe-Juan (Alpes-Maritimes), est morte ce dimanche 1er septembre, a annoncé l’avocat de la famille. «Il y a eu un rassemblement spontané ce soir à Vallauris au cours duquel le père a annoncé le décès», a indiqué Me Nabil Boudi. Selon lui, l’enquête devrait être requalifiée dès lundi en «homicide involontaire». Le conducteur n’était pas positif à l’alcool ni aux stupéfiants. Le suspect a été mis en examen samedi 30 août au soir et placé sous contrôle judiciaire, a annoncé le parquet de Grasse, qui avait demandé la détention provisoire. Dans son communiqué plus tôt dans la journée, le parquet le pronostic vital «très engagé» de la victime, fauchée sur un passage piéton par ce jeune homme de 19 ans qui faisait une roue arrière.

Dans le cadre de cette mise en examen, le parquet comme le juge d’instruction avaient sollicité un placement en détention provisoire pour le mis en cause qui n’était pas connu des services de police et de la justice jusqu’à ce drame.

Mais «le juge des libertés et de la détention a décidé de placer l’intéressé sous contrôle judiciaire» avec un certain nombre d’obligations, dont «se présenter une fois toutes les deux semaines au commissariat d’Antibes», ne pas se rendre à Vallauris ni «entrer en contact avec la victime de l’infraction, ses parents, frères et sœurs de quelque manière que ce soit». Il a également dû remettre son permis de conduire au greffe du tribunal et il lui est interdit de quitter le département des Alpes-Maritimes. Le parquet a indiqué avoir fait appel de cette décision.

Selon les premiers éléments communiqués par le procureur de la République de Grasse, la petite fille traversait sur un passage piéton avec son frère de 11 ans quand elle a été fauchée par le deux-roues, peu avant 19 heures. Elle aurait été projetée sur plus d’une dizaine de mètres, selon la presse locale.

Les pompiers sont intervenus vers 19 heures et ont essayé de maintenir l’état de santé de l’enfant grièvement blessée pendant une demi-heure. Les secours l’ont finalement transportée à l’hôpital Lenval de Nice, sous escorte policière. Arrivée à l’hôpital, la fillette a été plongée dans un coma artificiel. Le parquet précise qu’elle souffrait d’un traumatisme crânien et de multiples fractures. Vendredi en milieu de journée, le parquet annonçait que son pronostic vital restait «très engagé».

Le pilote de la moto, une 600 cm³ selon BFM TV, est, lui, indemne. Il remontait l’avenue dans le sens inverse de circulation en faisant une roue arrière quand il a percuté la fille de 7 ans. Le motard, âgé de 19 ans, a été emmené par la police municipale vers le commissariat d’Antibes à 19 h 05. Dans un premier temps, il y a été placé en garde à vue pour «blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois, par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence par conducteur de véhicule terrestre à moteur». Jusqu’alors «inconnu des services de police et de la justice» selon le parquet, le conducteur était titulaire du permis de conduire et propriétaire de la moto, correctement assurée.

Largement diffusée, notamment par le député LR allié de l’extrême droite Eric Ciotti, l’hypothèse du rodéo urbain, qui impliquerait plusieurs personnes, a très vite été écartée par les enquêteurs. Interrogé par Nice-Matin, Laurent-Martin Defrémont, délégué syndical FO-police du département des Alpes-Maritimes, précise qu’il «ne s’agit pas d’un rodéo urbain. On a affaire à un homme qui n’a rien dans la tête. A 20 mètres de la petite, il est parti en roue arrière, et elle se trouvait là. C’est un vrai malheur».

Même son de cloche du côté du maire LR de Vallauris, Kevin Luciano. Au micro de BFMTV, il récuse l’utilisation du terme «rodéo urbain» pour qualifier le drame qui a coûté la vie à une enfant. «Vous avez un individu qui a un comportement criminel, qui roule beaucoup trop vite, qui fait une roue arrière sur une route très fréquentée, pour autant ce n’est pas un rodéo urbain», martèle l’édile.

Dans la soirée, peu après l’accident, un participant anonyme au groupe Facebook : Entraide et solidarité Vallauris-Golfe-Juan s’était également fait le porte-parole des habitants du quartier à propos de la sécurité routière : «Nous, les habitants de Tapis vert, sommes choqués, consternés, abattus et en colère. Nous en avons marre des folies de presque tous les conducteurs qui traversent Vallauris avec des grosses motos et voitures, se croyant sur une autoroute à cet endroit-là, entre le rond-point de l’hôpital et le magasin Lidl».

Cet utilisateur anonyme a conclu son message en lançant un appel à la création d’une pétition pour «demander des ralentisseurs, des panneaux de signalisation lumineux à une bonne hauteur, et aussi les tableaux radars afficheurs de sa vitesse» et sécuriser une route propice aux accidents. «Les deux voies de l’avenue sont étroites et le stationnement y est difficile, obligeant les riverains à se garer partiellement sur les trottoirs, réduisant ainsi l’espace pour les piétons, écrivent les riverains. Cela cause une visibilité très réduite aux passages piétons en raison des voitures et surtout les camions stationnés juste avant.»

Mise à jour : à 14 heures avec ajout des éléments du parquet de Grasse ; à 19 heures avec nouveaux éléments ; le 1er septembre avec la mise en examen et le placement sous contrôle judiciaire du motard, à 19 h 25 avec la mort de la petite fille.