Menu
Libération
LIVE
terminé
L'essentiel

Attaque au couteau à Annecy : cinq victimes toujours en état d’urgence absolue

Un homme a attaqué au couteau des enfants âgés d’environ trois ans dans un square de la ville de Haute-Savoie, ce jeudi 8 juin au matin. Plusieurs blessés sont en urgence vitale. Le suspect, dont on ignore les motivations, a été interpellé.
Annecy, le 8 juin 2023. Après la réouverture du parc. (Sophie Rodriguez/Libération)
publié le 8 juin 2023 à 10h48
(mis à jour le 8 juin 2023 à 21h09)

En résumé :

- Au moins 4 enfants âgés de 22 mois à 3 ans et 2 adultes ont été blessés lors d’une attaque au couteau à Annecy (Haute-Savoie), ce jeudi 8 juin au matin. L’homme, armé d’un couteau, s’est attaqué vers 9 h 45 à des enfants âgés d’environ 3 ans qui étaient dans un parc près du lac d’Annecy. Le pronostic vital de plusieurs personnes est engagé.

- L’assaillant a été interpellé dans la foulée. De nationalité syrienne, avec le statut de réfugié en Suède (donc l’espace Schengen), il est entré régulièrement en France. On ignore encore ses motivations.

- La Première ministre Élisabeth Borne a livré les résultats des toutes premières investigations, lors d’une conférence de presse dans le courant de l’après-midi. Le Parquet national antiterroriste ne s’est pas saisi de l’affaire.

il y a 799 jours
il y a 799 jours

Dispersion d’une petite manifestation d’extrême droite. Rassemblement d’une quarantaine de personnes devant l’aire de jeu du Paquier, autour d’un drapeau français, pour une Marseillaise et quelles rapides prises de parole, sur le thème «stop à cette folie migratoire», et quelques slogans scandés : «la France aux Français» et «colère légitime». Une vingtaine de personnes face au groupe, mêlées aux dizaines de journalistes, applaudissent. Après demande de dispersion, une vingtaine de CRS dispersent sans heurts le groupe qui quitte les lieux sans protester. Restent les journalistes et les badauds, comme aimantés sur les lieux du drame… Par notre envoyé spéciale François Carrel.

il y a 799 jours

Gérald Darmanin évoque «la pire journée» depuis qu’il est en poste. Invité sur TF1, Gérald Darmanin est revenu sur le profil de l’assaillant. «Cet homme était régulièrement sur le territoire, puisqu’il était réfugié en Suède depuis 10 ans. C’est un Syrien qui, en 2013, a obtenu l’asile et une carte de résident en Suède, puis pour des raisons que l’on ne s’explique pas bien, en Suisse, en Italie et en France, il a fait une demande d’asile, qu’il n’avait pas besoin de formuler puisqu’il avait déjà l’asile depuis 10 ans en Suède. […] Dimanche dernier, la notification lui a été faite qu’il ne pouvait pas avoir l’asile en France, car il l’avait en Suède. […] C’est effectivement une coïncidence troublante que dimanche dernier, il connaît la réponse de l’administration française et qu’il passe à l’acte», déclare le ministre de l’Intérieur. Pour lui, il s’agit de «la pire journée pour les Français» depuis qu’il est en poste «place Beauvau». Gérald Darmanin a aussi précisé que l’assaillant passera une expertise psychiatrique demain.

il y a 799 jours

Le Premier ministre britannique Sunak dénonce un acte «inconcevable». Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a qualifié d’«inconcevable» l’attaque au couteau survenue à Annecy en France, qui a blessé grièvement plusieurs enfants. «Toutes nos pensées vont à ceux touchés par cette attaque inconcevable, dont un enfant britannique», a déclaré M. Sunak lors d’une conférence de presse tenue à la Maison Blanche, conjointement avec le président américain Joe Biden.

il y a 799 jours

«C’est important de lui dire qu’il est normal d’avoir peur». La psychanalyste Claude Halmos a répondu à nos questions sur la manière on peut parler de cet évènement aux enfants. Pour elle, il est essentiel de le faire. «Il faut parler à l’enfant dès qu’il est en contact avec les autres, et c’est possible dès 3 ans. Les paroles de ses parents, dans une relation de confiance et de tendresse, créent pour lui une sorte de cadre intérieur dans lequel tout ce qu’il pourra entendre ensuite viendra s’inscrire ; et cela en atténuera la violence éventuelle. […] Ce n’est pas la même chose si cela vient de leurs parents, qui vont les rassurer, ou s’ils l’apprennent brutalement dans la cour de l’école par un autre enfant, plus grand, qui pourra se servir de la nouvelle pour leur faire peur», défend-elle.

il y a 799 jours

La récupération bille en tête. Les faits à peine connus, Les Républicains et le Rassemblement national ont ouvert le procès de l’immigration dont le projet de loi doit être relancé avant l’été. Borne appelle à ne pas «s’emballer sur des conclusions». Nos explications.

il y a 799 jours

Attaque d’Annecy : comment est accordée une demande d’asile ? Le suspect de l’attaque au couteau, qui a fait au moins six blessés dont quatre enfants, avait obtenu le statut de réfugié en Suède, où il vivait depuis dix ans. Il s’agit d’un «droit fondamental» selon le Parlement européen, accordé à toute personne fuyant son pays et craignant des persécutions.

il y a 799 jours

Le festival international du film d’animation d’Annecy fait part de sa stupeur. Le festival de film d’animation, qui se tiendra du dimanche 11 au samedi 17 juin à Annecy, affirme avoir «pris connaissance avec stupeur des événements tragiques survenus sur le Pâquier ce matin. Nos pensées vont d’abord aux victimes et à leurs familles», livrent-ils dans un communiqué officiel publié sur les réseaux sociaux.

il y a 799 jours

La préfecture de Haute-Savoie n’autorisera pas la manifestation d’extrême droite. Yves Le Breton, préfet de la Haute-Savoie, a déclaré en conférence de presse que «toute récupération, quelle qu’elle soit, est absolument insupportable». Interrogé sur l’appel à manifester ce soir venant de l’extrême droite, le préfet répond que «tous ceux qui souhaiteraient utiliser cet événement dramatique pour une cause seraient traités comme il convient». La préfecture n’a pour l’instant reçu aucune demande d’autorisation de manifester. «Cela ne m’étonne pas car nous avons déjà eu un cas similaire», ajoute-t-il, faisant référence à un rassemblement le 16 mai dernier à Annecy. «Nous ferons appel aux articles habituels du code pénal pour pouvoir traiter cette manifestation si jamais elle devait avoir lieu sans déclaration.»

il y a 799 jours

Le Pâquier, «poumon de la ville», reprend vie. Esplanade de pelouses, promenade le long du lac, point de rendez-vous des sportifs et des familles : le Pâquier est le «poumon de la ville», expliquait à la sortie de l’école, vers 16h30, une mère venue récupérer ses enfants à l’école Quai Jules Philippe, à quelques dizaines de mètres du parc de jeux où a eu lieu l’attaque. Depuis une bonne heure, c’est devenu un étrange lieu d’attraction. Journalistes, chaînes de télé et de radio ont planté leurs pieds de micro et de caméras tout autour de l’aire de jeux en bois, que les enfants ont réinvesti dès que les équipes de la police scientifique ont plié leur matériel. Depuis, les familles ont quitté les lieux à mesure que l’heure du dîner s’est rapprochée. Yanis, parent d’élève et riverain, a préféré attendre un peu avant que ses enfants reviennent fouler le praticable : «Et même demain, on ne les remettra pas à l’école, on va rester ensemble.» Par notre envoyée spéciale Maïté Darnault

il y a 799 jours

Pour Yanis, qui vivait à Paris au moment des attentats de 2015, «ça a fait remonter des choses». Océane et Yanis vivent à deux pas du parc de jeux, sur le Pâquier, où l’attaque a eu lieu. «J’en ai parlé avec une voisine, il y a quelques jours, on se disait qu’il était là depuis des semaines», explique Yanis. Il y a quelques jours encore, lorsqu’Océane a promené leur chien, elle a croisé le regard «un peu fou» de l’homme : «Il était allongé sur un banc, il s’est relevé en grognant quand le chien est passé près de lui en venant attraper la balle, témoigne la trentenaire. Il avait une espèce de T-shirt mis sur la tête, il regardait bizarrement les gens, il avait l’air de guetter.» La journée a été «tragique pour tout le monde», souligne Yanis, qui vivait à Paris lors des attentats de 2015 : «Ça a fait remonter des choses, les minutes ont été longues.» Ses deux enfants sont scolarisés à l’école toute proche, Quai Jules Philippe, en petite section et en CP. Et le jeudi matin, c’est sortie sur le Pâquier. «Mais il manquait des accompagnants, alors les grands sont allés au ciné et la sortie des petits a été reportée à l’après-midi.» Mais ça, le père de 33 ans ne l’a appris qu’en fin de matinée. «On a eu très peur, l’école était injoignable, les forces de l’ordre ça sonnait occupé…» Puis les infos ont circulé entre voisins et entre parents d’élèves. «Tous les soirs, on vient au parc après l’école, le week-end, on vient faire du vélo… On aurait rien pu anticiper, on espère que c’est un cas isolé, on sera plus vigilants, plus attentifs à l’avenir», assure Yanis. Par notre envoyée spéciale Maïté Darnault.

il y a 799 jours

«Nous l’avons laissé dormir ici, il n’y avait aucune raison de le signaler…» Un couple de résidents de l’immeuble du 2, rue Royale, avec leur enfant en poussette, confirme : «Oui, il dormait ici depuis deux ou trois mois. Toujours courtois, poli, on se disait bonjour. Il arrivait vers 19h30, repartait à 8 h du matin, pour ne pas nous gêner. Nous lui avons proposé de l’aide, des couvertures, de la nourriture, il a toujours refusé.» ils sont abasourdis par la tournure des événements : «Nous l’avons laissé dormir ici, il n’y avait aucune raison de le signaler…» La mère de famille confie, hésitante : «Hier, pour la première fois, il n’a pas répondu à nos salutations, il était dans un état bizarre.» Rien pour autant qui pouvait laisser imaginer que ce squatteur courtois allait le lendemain se livrer à une atroce agression d’enfants, à quelques centaines de mètres de là… Par notre envoyé spécial François Carrel

il y a 799 jours

Sortie des classes, à l’école Quai Jules-Philippe près du parc du Pâquier.

il y a 799 jours

L’arme retrouvée, pas de deuxième assaillant dans la nature. Les enquêteurs ont retrouvé l’arme utilisée par l’assaillant présumé. Il s’agissait d’un «couteau pliable, de type Opinel», a détaillé le procureur d’Annecy, qui était le seul dont disposait le suspect. Celle-ci a tenu à rassurer : «On est bien sur un seul auteur identifié et une unique scène. Il n’y a pas de raison de penser qu’il y aurait un deuxième auteur qui serait dans la nature.»

il y a 799 jours

«Pas de motif terroriste.» Le suspect, un Syrien de 31 ans, se trouve actuellement en garde à vue dans les locaux du sous-commissariat d’Annecy. Il s’agirait «d’un réfugié politique, qui serait sans-abri à Annecy avec une arrivée dans la ville à l’automne 2022», d’après la procureure. «Il est inconnu des services de police et de gendarmerie», a-t-elle précisé. D’après les «premiers éléments» à disposition de la justice, «rien ne permet d’évoquer un motif terroriste. Comme usuellement dans ce genre d’affaires, le Parquet national antiterroriste (Pnat) est présent et procède à une évaluation», a-t-elle toutefois ajouté.

il y a 799 jours

«Bizarre, pas normal, pas comme un squatteur habituel.» Au 2, rue Royale, à quelques centaines de mètres du parc du Pâquier qu’on aperçoit au bout de cette rue très commerçante d’Annecy, dans une entrée d’immeuble ouverte entre deux boutiques, des enquêteurs de la police judiciaire fouillent un grand sac en papier kraft et déploient des cartons. «C’est là qu’il dormait, tous les soirs, depuis deux ou trois mois, explique Noémi, patronne d’un bar-restaurant voisin. Je le voyais tous les soirs, en quittant le bar vers 19 h 45 : il installait ses cartons pour dormir sous les boîtes aux lettres, se lavait les dents… Il n’était pas gênant. Il ne faisait pas de bruit, toujours seul, ni alcolo ni clodo. D’ailleurs, je crois que les résidents de l’immeuble n’ont rien fait pour le chasser.» Elle le trouvait «bizarre, pas normal, pas comme un squatteur habituel : il était super propre, soigné, il rangeait toujours ses affaires, presque à la militaire». Mais un jour, il l’a effrayée : «Il a jeté rageusement au sol une bande de plastique devant moi, au milieu de la rue. Colérique, ingérable.» Par notre envoyé spécial François Carrel

il y a 799 jours

Plusieurs pronostics vitaux encore engagés. La procureur d’Annecy a tenu un nouveau point presse en début de soirée. A cette heure, «sur les 6 blessés, 5 sont considérés en état d’urgence absolue, une victime a été touchée plus légèrement». Trois mineurs ont été transférés au CHU de Grenoble, et une victime a été hospitalisée à Genève. Elle a également donné des détails sur l’interpellation du suspect : «Une des victimes initialement blessée par arme blanche a malheureusement également été touchée par un tir des policiers. Le tir d’un policier, qui a permis de mettre hors d’état de nuire le mis en cause, a blessé cette personne, un des adultes.»

il y a 799 jours

Il échoue à obtenir la nationalité et décide de quitter la Suède. Le suspect aurait quitté la Suède parce qu’il n’aurait «pas réussi à obtenir la nationalité suédoise», d’après son ex-femme, contactée par l’AFP. Selon l’autorité suédoise des Migrations, il avait demandé et obtenu un permis de séjour en 2013, mais il avait échoué plusieurs fois à obtenir la nationalité depuis 2017. Leur séparation se serait produite «il y a huit mois», au moment de son départ de Trollhättan, où ils vivaient. «Je n’ai plus beaucoup de nouvelles, il s’est montré très fuyant. Il m’a appelé il y a quatre mois, il habitait dans une église. Mais je n’en sais pas beaucoup plus, il est surtout en contact avec sa famille qui vit aux Etats-Unis», a expliqué la jeune femme.

il y a 799 jours

Le suspect «ni sous l’emprise de stupéfiants, ni sous l’emprise d’alcool». Au cours d’une nouvelle conférence de presse, la procureure d’Annecy, Line Bonnet-Mathis, confirme que le mis en cause «est inconnu des services de police ou de gendarmerie», et n’était «ni sous l’emprise de stupéfiants, ni sous l’emprise d’alcool» au moment des faits.

il y a 799 jours

Des recherches approfondies sur l’identité de l’assaillant. Selon les dernières informations du Dauphiné Libéré, les enquêteurs essaient de confirmer l’identité mentionnée sur la carte d’identité syrienne de l’assaillant, et de vérifier s’il n’est pas connu des services judiciaires sous d’autres identités dans d’autres pays européens. Cette recherche d’éventuels alias se fait en coordination avec les autorités suédoises. Selon une source du Dauphiné Libéré, la vérification sur d’éventuels antécédents psychiatriques est en cours, ainsi que l’examen de l’hypothèse d’un acte commis sous l’emprise de stupéfiants. De multiples prises de sang faites sur le suspect sont en cours d’analyse.