L’influenceur algérien «Doualemn», interpellé à Montpellier après une vidéo TikTok contenant un appel à la violence et qui devait théoriquement être jugé fin février, est de retour sur le sol français après avoir été expulsé. Il avait été «mis dans un avion» ce jeudi 9 janvier à destination de l’Algérie, indiquait dans l’après-midi son avocat, Jean-Baptiste Mousset. Selon une source policière, il a finalement été renvoyé dans la soirée vers la France, l’Algérie l’ayant «interdit de territoire». Contacté par Libération, son avocat a confirmé le retour de son client : «malheureusement, revenant à la case départ, nous craignons qu’il ne retourne en centre de rétention administrative». Me Mousset ajoute «envisager» l’organisation d’une conférence de presse vendredi.
Placé mardi en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes, cet homme de 59 ans avait été conduit à Paris ce jeudi après-midi, d’où il a pu contacter ses proches et son avocat depuis le tarmac de l’aéroport juste avant le décollage de son avion, a précisé Me Mousset, regrettant que «le gouvernement ait précipité son expulsion» alors qu’il avait introduit des recours.
Une vidéo publiée sur TikTok avait fait l’objet le 4 janvier d’un signalement par le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, et le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch. Selon ces deux responsables, il appelait en arabe à «tuer» et «à faire souffrir» un manifestant opposé au gouvernement d’Alger, y ajoutant des commentaires antisémites. Mardi, le procureur de Montpellier avait toutefois relevé que des traductions de cette vidéo «réalisées par deux interprètes expertes […] établissaient que les mots «tuez-le» n’avaient pas été prononcés» et que la vidéo «ne contenait pas davantage un appel à tuer une personne nommée «Cohen»».
Une influenceuse franco-algérienne en garde à vue
Quelques heures plus tôt ce jeudi, une influenceuse franco-algérienne, dont des vidéos TikTok considérées comme haineuses avaient été signalées à la justice, est actuellement en garde à vue, a indiqué le procureur de la République de Lyon, Thierry Dran. Il s’agit de Sofia Benlemmane, a précisé le chef du parquet de Lyon qui avait ouvert mercredi deux enquêtes pénales contre des influenceurs franco-algériens, notamment pour «menaces de mort et provocation publique à la haine».
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Sofia Benlemmane était dans le viseur des autorités depuis plusieurs jours pour avoir posté des vidéos haineuses fortement relayées. L’influenceuse – tout comme deux autres Franco-Algériens dans la région lyonnaise – avait été signalée par la préfecture du Rhône, avait déclaré lundi la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabienne Buccio. Selon ses services, il s’agissait d’influenceurs censés résider à ou autour de Lyon qui ont publié «plus ou moins récemment» des vidéos sur les comptes «Abdesslam Bazooka», «Laksas06» et, donc, de Sofia Benlemmane.
Suivie par des centaines de milliers de personnes, cette dernière se voit notamment reprocher un live réalisé en septembre sur TikTok dans lequel elle insulte copieusement en arabe une autre femme en lui lançant notamment «elle mérite la mort cette pute qui salit l’islam». Abdesslam Bazooka s’en est pris dans une vidéo en arabe publiée le 10 décembre aux opposants au gouvernement algérien, qu’il qualifie de «traîtres» et qu’il menace d’«égorger». Laksas06 a quant à lui repris le 11 décembre un sonore d’un autre Franco-Algérien dans lequel il présente les membres de la diaspora algérienne en France comme des «soldats dormants» prêts à devenir «des martyrs».
Les comptes des trois influenceurs ont «été suspendus définitivement pour violation de nos règles communautaires», avait fait savoir TikTok en s’engageant à «maintenir un environnement sûr et accueillant pour sa communauté».
Mise à jour à 18 h 05, ajout de l’expulsion d’un influenceur algérien.