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Témoignages

Arnaques aux faux conseillers bancaires : «On vit une démolition de nos certitudes sur la banque, sur soi, sur l’autre»

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A l’approche du procès des personnes qui les ont escroquées de plusieurs milliers d’euros par téléphone, cinq victimes témoignent. Outre le préjudice matériel, elles évoquent une forme de traumatisme qui dure face au peu de considération des banques.

A quelques jours de l’ouverture de l'audience de leurs escrocs, 5 des 45 victimes se sont réunies dans les locaux de «Libération», à Paris. (Martin Colombet/Libération)
ParGurvan Kristanadjaja
Journaliste - Société
Publié le 11/10/2025 à 11h45

Il y a deux ans, ils ont vécu le même calvaire. Un coup de téléphone du service des fraudes de la banque. La voix inquiète d’un conseiller à l’autre bout du fil, presque haletante : «On a décelé des mouvements suspects.» Des opérations à réaliser de toute urgence pour sécuriser les comptes. Trois heures d’une conversation ininterrompue au cours de laquelle Andrée (1), 81 ans, retraitée, Emmanuelle, 53 ans, chercheuse, ou encore Christophe, 55 ans, informaticien, pensent empêcher les économies d’une vie de disparaître. En réalité, c’est tout l’inverse : ils rendent possible les mouvements financiers d’une grande escroquerie minutieusement organisée par de faux conseillers bancaires. Quand ils raccrochent, l’argent a disparu de leurs comptes. Depuis, la honte les poursuit. «On a du mal à se penser victimes car tout le monde nous considère comme coupables, à commencer par notre banque qui nous suspecte d’avoir fait preuve d’une négligence grave», se désole Nicole, 71 ans, qui a vu disparaître 15 000 euros en quelques heures quand d’autres ont, eux, perdu jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros, jamais remboursés.

A partir du 13 octobre, leurs arnaqueurs seront jugés au tribunal judiciaire de Paris pour des faits d’«escroquerie en bande organisée» et d’«association de malfaiteurs» commis en 2023 – dans un article de janvier 2024,