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Justice

Assassinat de Samuel Paty : la sœur de l’enseignant demande à l’Etat de reconnaître sa responsabilité

L’avocate de la sœur de l’enseignant tué près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) en octobre 2020 a adressé ce mardi 19 mars un courrier à l’Etat pour lui demander de reconnaître sa responsabilité.
Mickaëlle Paty, sœur de Samuel Paty, le professeur d'histoire-géographie assassiné par un terroriste à la suite d'un cours sur la laïcité, à Paris, le 23 novembre 2023. (Albert Facelly/Libération)
publié le 19 mars 2024 à 22h11

Le courrier a été adressé le 15 mars au Premier ministre Gabriel Attal, à la ministre de l’Education nationale Nicole Belloubet et au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. L’avocate de la sœur de Samuel Paty, enseignant tué près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) en octobre 2020, a demandé à l’Etat de reconnaître sa responsabilité dans cet assassinat, a-t-elle indiqué ce mardi 19 mars, confirmant une information publiée plus tôt dans la journée par le Figaro. Une démarche qui vise à obtenir «la reconnaissance officielle de la responsabilité de l’Etat dans la survenance de l’attentat», tel que l’a précisé Carine Chaix, avocate de Mickaëlle Paty.

Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie de 47 ans, avait été poignardé puis décapité par Abdoullakh Anzorov, réfugié russe d’origine tchétchène. L’homme de 18 ans, radicalisé, lui reprochait d’avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Il avait revendiqué son geste en se félicitant d’avoir «vengé le prophète», avant d’être abattu par la police. Pourtant, des agents de l’Education nationale et du renseignement territorial des Yvelines étaient informés de la virulente campagne sur les réseaux sociaux visant l’enseignant et son cours. Mais ce dernier n’avait pas été protégé.

«L’éthique de la responsabilité ne peut pas s’arrêter aux portes de l’Etat. L’Etat ne peut pas demander aux enseignants d’être responsables et d’enseigner à des élèves pour qu’ils deviennent des adultes responsables si lui-même n’assume pas la responsabilité qui est la sienne», a développé l’avocate de Mickaëlle Paty, avant d’ajouter que cette requête s’accompagne d’une demande d’indemnisation d’un montant de 21 000 euros qui sera reversée à des associations laïques.

Le ministère de l’éducation nationale confirme la réception du courrier

Ce mardi dans la soirée, le ministère de l’Education nationale a confirmé ce mardi dans la soirée la réception de la lettre rédigée par le conseil de la sœur de Samuel Paty et précisé que ses services allaient en prendre connaissance. Matignon et les ministères de l’Education nationale et de l’Intérieur disposent de deux mois pour répondre à cette demande. En l’absence de réponse ou d’une réponse négative, Carine Chaix a assuré qu’un recours sera déposé devant le tribunal administratif.

En avril 2022, dix membres de la famille de Samuel Paty ont porté plainte contre l’administration. Ils reprochent à l’Etat de ne pas avoir protégé le professeur. Depuis, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris pour non-assistance à personne en péril et non-empêchement de crime. Le 9 décembre 2023, six collégiens ont été condamnés à des peines allant de 14 mois de prison avec sursis à six mois de prison ferme, aménagées sous bracelet électronique, pour leur implication dans l’assassinat de Samuel Paty. Le procès de huit adultes mis en cause dans cet attentat est prévu devant la cour d’assises spéciale du 12 novembre au 20 décembre.