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Justice

Assassinat de Samuel Paty : quatre personnes jugées en appel début 2026

Le procès en appel de quatre personnes soupçonnées d’être liées à la mort du professeur de français, décapité par un terroriste en octobre 2020, aura lieu du 26 janvier au 27 février 2026. Lors du procès en décembre dernier, huit accusés avaient été condamnés à des peines d’un à seize ans de prison.
Devant la mairie de Conflans-Sainte-Honorine, le 17 novembre 2020, un mois après l'assassinat de Samuel Paty. (Albert Facelly/Libération)
publié le 2 avril 2025 à 13h19

Le procès en appel de quatre personnes soupçonnées d’être impliquées, à des degrés divers, dans l’assassinat du professeur Samuel Paty, décapité par un islamiste tchétchène en octobre 2020, aura lieu du 26 janvier au 27 février 2026, a appris l’AFP ce mercredi 2 avril d’une source proche du dossier. A l’issue du procès en première instance en décembre dernier et après sept semaines de débat, les huit accusés avaient été tous reconnus coupables et condamnés à des peines d’un à seize ans de prison. Quatre d’entre eux ont fait appel et seront rejugés par la cour d’assises d’appel spéciale de Paris.

Ce nouveau procès concerne les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Les deux autres condamnés à avoir interjeté appel sont Brahim Chnina et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui. Ils avaient respectivement écopé de treize et quinze ans de réclusion criminelle après avoir été reconnus coupables d’association de malfaiteurs terroriste (AMT), pour avoir lancé une «campagne de haine» ayant fait de Samuel Paty une «cible».

«C’est un procès extraordinairement attendu, au vu de l’intensité des débats qui se posent et du caractère extrêmement critiquable de la décision de la cour d’assises en première instance», a réagi auprès de l’AFP, Me Vincent Brengarth, l’un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui. Dans leurs motivations, un document de 40 pages, les juges de la cour d’assises spéciale de Paris ont admis que Brahim Chnina, le père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui ne connaissaient pas l’assassin de Samuel Paty, Abdoullakh Anzorov.

Attiser «la colère et la haine d’un esprit radicalisé»

Néanmoins, les juges ont souligné que «les deux accusés ont, en connaissance de cause, pris le risque, malgré le danger et les menaces visant Samuel Paty, qu’une atteinte volontaire à son intégrité physique soit portée par un tiers, violent et radicalisé qui devenait leur bras armé». Selon les magistrats, les deux hommes «ont contribué à créer un état d’esprit propre à susciter le crime», «en attisant la colère et la haine d’un esprit radicalisé».

Mais cela justifiait-il de les condamner pour association de malfaiteurs terroriste, un crime passible de trente ans de réclusion criminelle, s’était interrogé après le verdict Me Vincent Brengarth. Celui-ci estimait que ce qui était reproché à son client relevait d’un délit non intentionnel comme «la mise en danger délibérée d’autrui» et non d’une association de malfaiteurs terroriste. Il avait alors estimé que la décision de la cour «pourrait instaurer une jurisprudence inquiétante».