Des «troubles du comportement» et «psychiatriques», des addictions et une longue errance. Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a dressé ce mercredi 3 septembre le parcours et les antécédents judiciaires de l’auteur de l’attaque au couteau qui a fait cinq blessés mardi à Marseille.
L’homme de 35 ans, un Tunisien en situation régulière, a été tué par les forces de l’ordre lors de son «périple criminel» au cours duquel il a crié «Allah akbar» à plusieurs reprises, a précisé le procureur. Le parquet national anti-terroriste «ne souhaite pas retenir sa compétence» à l’heure actuelle sur ce dossier, étant donné le profil de l’assaillant et l’absence de radicalisation, a poursuivi Nicolas Bessone.
Cocaïne et alcool
L’auteur des faits serait arrivé en France, en Charente-Maritime, en 2019. Après s’être marié en 2020 avec une jeune femme, elle le quitte rapidement «semble-t-il compte tenu de sa violence et de son addiction à la cocaïne et à l’alcool», a détaillé le procureur lors de sa conférence de presse.
Ses ennuis judiciaires démarrent en 2023, lors d’une procédure pour «violence avec armes» sur son neveu. Il est condamné par le tribunal correctionnel de la Rochelle le 6 mai 2025 à une peine de quatre ans d’emprisonnement, dont trois ans assortis d’un sursis probatoire. «Il interjetait appel de cette décision, si bien que dans l’attente de l’appel, elle n’était pas immédiatement ramenée à exécution», précise Nicolas Bessone, expliquant la raison de sa liberté malgré sa condamnation.
A l’époque, une expertise avait été réalisée mais n’avait pas permis de mettre en évidence une éventuelle «pathologie psychiatrique» – seulement une «conduite addictologique lourde de consommation d’alcool et de cocaïne». L’enquête menée en 2025 laissait apparaître que l’homme présentait «dès la fin de l’année 2024 certains troubles du comportement et tombait dans l’errance».
«Litige privé»
Après avoir rejoint Montpellier en 2025, il fait à nouveau face à la justice lors d’incidents commis à la mosquée de Sète le 13 juin 2025. «En pleine prière, il prenait la parole en sous-entendant que le pays était gouverné par des juifs et des sionistes, ce qui lui valait une convocation devant le tribunal correctionnel pour provocation à la haine en raison de l’origine ou de la religion», indique le procureur. Il devait être jugé pour ces faits le 2 octobre prochain. Il fait alors «l’objet d’un criblage» dont il est ressorti que «l’individu n’apparaissait pas radicalisé, mais souffrant de troubles psychiatriques».
Raison pour laquelle le Pnat ne se saisit pas de l’affaire. «Nous partons sur un litige privé, sur une personne qui a des problématiques psychiatriques très lourdes», justifie Nicolas Bessone. C’est «après avoir attaqué […] ceux qu’il estimait responsables de son errance et de son expulsion de l’hôtel» qu’il a fini par s’en prendre aux passants, «dans une sorte de crise très importante», rapporte le procureur. C’est à ce moment-là que les policiers interviennent, et finissent par le neutraliser.