Le snack Istanbul City a couché au sol ses parasols noirs pour faire barrage, une tente blanche montée par la police masque le reste de la terrasse donnant sur le très passant cours Belsunce, en plein centre-ville de Marseille. Les curieux et les médias sont maintenus à distance derrière une rubalise, le temps pour les enquêteurs, ce mardi 2 septembre en fin d’après-midi, de terminer les constatations sur place et de recueillir les témoignages des commerces voisins. C’est là, au niveau de la terrasse, qu’un homme muni de deux couteaux et d’une matraque a été abattu par les forces de l’ordre, au terme de ce que le procureur de la République Nicolas Bessone a qualifié de «périple criminel». Cinq personnes ont été blessées, dont une gravement.
«Un homme de nationalité tunisienne, en situation régulière, s’était fait expulser de l’hôtel dans lequel il logeait dans le quartier de Belsunce, parce qu’il ne payait pas son loyer», a expliqué le procureur lors d’un point presse sur place.
A 14 h 45, l’homme revient à l’hôtel, monte au premier étage dans la chambre qu’il a occupée et porte alors «un coup de couteau au flanc d’un colocataire». Cette première victime est la plus durement touchée, puisqu’elle a été prise en charge «en urgence absolue» et se trouvait en fin d’après-midi «dans un état critique», selon le procureur.
L’attaquant redescend ensuite au rez-de-chaussée et porte ensuite plusieurs coups de couteau au gérant de l’hôtel, avant de le poursuivre dans la rue où il s’enfuyait avec son fils. Il poignarde alors ce dernier «au niveau du dos». Le gérant et son fils se trouvent en situation d’«urgence relative», «leurs jours a priori ne seraient pas en danger».
L’homme se rend ensuite cours Belsunce, une artère très fréquentée et commerçante du centre-ville, «dans un snack situé à proximité où il y a le patron et un certain nombre d’employés», où il essaie alors de blesser le gérant et d’autres personnes.
Mis en fuite par les clients, il va poursuivre sa course et «il semblerait qu’à l’aveugle, gratuitement il tente de porter des coups à des personnes présentes et notamment deux personnes vont être blessées au niveau facial en recevant des coups de matraque puisqu’il était porteur de deux couteaux mais également d’une matraque», détaille Nicolas Bessone.
Une patrouille de quatre policiers en civil circulant à Belsunce intervient ensuite : les policiers «vont lui demander de jeter ses armes, il n’obtempère pas et ils vont faire usage de leurs armes, que ce soit du Taser ou de leur pistolet automatique et ils vont le neutraliser», poursuit Nicolas Bessone.
L’homme décédera à 15 h 30 malgré les tentatives de réanimation. Le procureur a indiqué également qu’il avait «proféré un certain nombre de paroles» qui sont «en cours de vérification». Le parquet a également précisé que l’homme «était connu des services de police et de justice», «pour troubles à potentialité violente» selon la Provence.
Une enquête, confiée à la police judiciaire, pour tentative d’homicide volontaire et tentative d’homicide volontaire sur des fonctionnaires de police est en cours. La police des polices, l’IGPN, a aussi été saisie. Bruno Retailleau, qui s’est rendu sur place dans la soirée, a affirmé que deux blessés étaient «définitivement sauvés». Il a salué «l’intervention des policiers» sans laquelle «il y aurait eu d’autres victimes».
Le ministre a par ailleurs annoncé que «le motif de radicalisation semble écarté» et annoncé que le Parquet national antiterroriste (Pnat) ne compte pas se saisir de l’affaire. Le ministre de l’Intérieur a confirmé que le suspect était «en situation régulière» et que «sa carte de séjour devait se terminer en 2032». L’homme avait néanmoins «eu affaire à la justice», poursuit Retailleau : «Le préfet de l’Hérault avait saisi l’autorité judiciaire à la fin du mois d’août pour signaler un certain nombre d’agissements et notamment des paroles antisémites proférées devant la mosquée de Sète.»
«Deux gros couteaux de boucher»
Dans une vidéo publiée sur TikTok par une utilisatrice anonyme, on peut voir un individu muni de deux couteaux qui recule, tenu en joue par quatre policiers en civil. «Couche-toi !» lui intime notamment l’un d’eux au milieu d’autres cris. Après une vingtaine de secondes, l’homme saute en direction des forces de l’ordre et est alors abattu par les tirs des policiers. On entend sept coups de feu.
Derrière les rubalises en cette fin d’après-midi, Madi, a déjà récupéré la scène et la montre à un passant qui vient de débarquer. «Les gens qui filment ça, ils sont costauds quand même», souffle le passant. «Je vais pas dire qu’on est habitués, mais on en voit souvent des vidéos comme ça, soupire Madi. D’habitude, on voit ça à la télé mais ça peut arriver n’importe où…»
Un habitant du quartier qui a assisté à la scène, a raconté aux journalistes de l’AFP sur place que la police était arrivée «très vite». «Ils ont essayé de l’arrêter devant un fast-food et là l’homme a essayé d’attaquer un policier au couteau. Le policier a crié “arrête-toi, arrête-toi”», a-t-il ajouté. Un autre témoin de la scène a, lui, raconté avoir vu l’homme avec «deux gros couteaux de boucher». Tout le périmètre était bloqué et deux lignes de tramway ont été en partie interrompues.
Le cours Belsunce, à deux pas du Vieux-Port, est un quartier très fréquenté et populaire. Derrière le cours central, les rues labyrinthiques sont le théâtre de nombreux trafics avec des vendeurs de cigarettes à la sauvette mais aussi des points de deal avec une grosse consommation de cocaïne.
Le tout entraînant son lot de violences et inquiétant les riverains comme fin mai, lorsqu’un homme de 25 ans sortant d’une pizzeria avait été tué par balles, un narchomicide selon les autorités.
Mis à jour à 19 h 26 avec des éléments de reportage de nos correspondantes sur place.