L’attaque avait fait deux morts et cinq blessés. Le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis mercredi 10 janvier un procès pour assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste contre Abdallah Osman Ahmed qui avait mené une attaque au couteau à Romans-sur-Isère (Drôme) en 2020, a-t-on appris ce jeudi 11 janvier de source proche du dossier. Le Pnat souligne que deux des trois expertises psychiatriques ordonnées dans ce dossier ont conclu à l’altération, et non à l’abolition, du discernement de ce Soudanais lors de son passage à l’acte, selon des éléments du réquisitoire définitif consultés par l’AFP.
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Avec une altération du discernement, le mis en cause, désormais de 37 ans, ne risque plus la perpétuité, mais 30 ans de réclusion criminelle. Il revient désormais aux juges d’instruction antiterroristes d’ordonner ou non un procès devant la cour d’assises spéciale. Les faits, «le mode opératoire, le choix des victimes (...) ainsi que les propos tenus» par l’assaillant «constituent autant d’éléments de nature à établir le caractère terroriste de son passage à l’acte», relève le Pnat. Les avocats d’Abdallah Ahmed-Osman n’ont pas réagi dans l’immédiat.
Dans la matinée du 4 avril 2020, pendant le confinement, il avait tué à l’arme blanche Thierry N., client d’une boucherie âgé de 54 ans, et Julien V., un commerçant de 43 ans. Il avait également blessé cinq personnes. Selon les témoins de l’attaque, il avait agi sans prononcer «la moindre parole», «le regard vide», il avait «l’air hypnotisé» et «possédé», restant «très calme», est-il relaté dans la dernière contre-expertise signée le 20 juin 2023.
Décharge haineuse
L’état psychique d’Abdallah Osman Ahmed était au cœur des investigations menées au pôle antiterroriste du tribunal de Paris. Une première expertise psychiatrique, en décembre 2020, avait estimé que son discernement avait été «altéré» au moment des faits et qu’il était donc «accessible à une sanction pénale».
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Mais une deuxième expertise, datée du 7 novembre 2022, avait au contraire conclu à «l’abolition» de son discernement, car il «présentait, depuis des semaines avant les faits, un tableau psychiatrique associant des symptômes délirants de persécutions (hallucinations auditives), une anxiété massive, un sentiment dépressif (tristesse, pessimisme, idées suicidaires, repli à domicile, amaigrissement)».
Un troisième collège d’experts psychiatres avait au contraire estimé que le suspect avait une altération de son discernement et qu’il avait agi dans un «contexte de décharge haineuse». Pour le Pnat, les différentes investigations menées ont confirmé «l’inscription d’Abdallah Osman Ahmed dans une entreprise ayant pour intention de troubler l’ordre public par l’intimidation ou la terreur».