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Attaque au hachoir visant «Charlie Hebdo» : l’assaillant et des proches jugés aux assises

Le 25 septembre 2020, en plein procès des attentats de janvier 2015, Zaheer Mahmood, un ressortissant pakistanais, avait grièvement blessé deux employés de l’agence Premières Lignes, pensant en fait s’attaquer à des salariés de l’hebdomadaire satirique. Il est jugé à Paris à partir de ce lundi 6 janvier.
Après l'attaque rue Nicolas-Appert, à Paris, le 25 septembre 2020. (Denis ALLARD/Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 5 janvier 2025 à 14h20

La cour d’assises des mineurs juge à partir de ce lundi 6 janvier l’homme qui a attaqué deux personnes au hachoir en septembre 2020 devant les anciens locaux de Charlie Hebdo ainsi que cinq de ses proches, soupçonnés de l’avoir motivé et soutenu. L’assaillant, Zaheer Mahmood, aujourd’hui âgé de 29 ans, comparaît pour «tentatives d’assassinats terroristes et association de malfaiteurs terroriste criminelle». Lui et ses cinq coaccusés sont pakistanais, arrivés en France entre 2018 et 2019.

Trois d’entre eux étant mineurs au moment des faits, le procès se tient devant la cour d’assises des mineurs spécialement composée, à huis clos. Les débats pourraient toutefois se tenir en audience publique, tous les accusés étant depuis devenus majeurs. La décision sera prise à l’ouverture de l’audience. L’attaque avait eu lieu le 25 septembre 2020, en plein procès des attentats de janvier 2015 ayant ciblé notamment Charlie Hebdo. L’hebdomadaire satirique faisait l’objet de nouvelles menaces depuis qu’il avait republié les caricatures de Mahomet qui en avaient fait la cible des jihadistes, le jour de l’ouverture de ce procès le 2 septembre.

«Je me sens mieux»

Aux alentours de 11h40 le 25 septembre, Zaheer Mahmood arrive devant un immeuble de la rue Nicolas-Appert (XIe arrondissement de Paris), armé d’un hachoir, et blesse grièvement deux employés de l’agence Premières Lignes qui se trouvaient sous le porche pour fumer une cigarette. Selon l’exploitation des images de vidéosurveillance, l’assaillant leur a porté à chacun de violents coups de feuille de boucher de haut en bas au niveau du crâne et de la nuque.

Zaheer Mahmood pensait s’attaquer à des salariés de Charlie Hebdo, ignorant que le journal avait quitté ses locaux après l’attentat de 2015. «Ce que j’ai fait, c’est bien. Je me sens mieux. Je considère qu’ils sont bien punis. On ne se moque pas de la religion», avait-il déclaré en garde à vue.

«Mourir en martyr»

Aux enquêteurs Zaheer Mahmood a expliqué son geste par la colère ressentie lors de la nouvelle publication des caricatures de Mahomet. Cette publication avait entraîné des manifestations dans des pays musulmans, dont le Pakistan, son pays de naissance. Avant de tenter de relativiser son implication, Zaheer Mahmood avait assuré que «mourir en martyr» serait sa récompense.

«J’étais en colère, c’était noir, je ne savais pas ce que j’étais en train de faire. J’ai pris mon sac, j’ai sorti le couteau, je suis revenu vers eux et je les ai attaqués sans savoir où je frappais», avait-il déclaré en ourdou lors d’un interrogatoire. Les magistrats instructeurs ont considéré que son «geste a été minutieusement préparé par plusieurs repérages sur les lieux des faits et par l’achat notamment d’armes», dont la feuille de boucher.

Des proches jugés

Les magistrats ont aussi rappelé qu’il avait tout organisé pour assurer «la diffusion de la vidéo de revendication». «Nous réservons nos explications pour l’audience que notre client espère sereine», ont déclaré à l’AFP les avocats de Zaheer Mahmood, maîtres Maïa Kantor et Albéric de Gayardon. Les perquisitions et analyses des nombreux téléphones et du matériel informatique trouvés au domicile de Zaheer Mahmood ont permis d’identifier cinq personnes qui l’auraient «motivé et soutenu dans son processus idéologique devenu un engrenage violent».

L’enquête a démontré des contacts réguliers entre Zaheer Mahmood et ces hommes avec notamment l’échange de vidéos de prêches prônant la décapitation pour les blasphémateurs. «Mon client était seulement le colocataire d’un ami de l’accusé», a expliqué à l’AFP Me Moad Nefati. «Il n’avait pas connaissance des intentions de Zaheer Mahmood», a ajouté l’avocat qui compte plaider l’acquittement. Trois des proches du principal accusé comparaissent détenus. Tous les cinq sont poursuivis pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle».