Un chimiste et un ingénieur du plus grand organisme de recherche français vont être jugés jeudi en comparution immédiate. Les deux membres du CNRS, interpellés lundi soir dans le cadre de l’enquête sur les jets d’engins explosifs contre le consulat général de Russie à Marseille sont renvoyés des chefs de «dégradation ou détérioration du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes» et «fabrication non autorisée d’engin explosif ou incendiaire ou de produit explosif», a précisé dans un communiqué ce mercredi 26 février Nicolas Bessone, le procureur de la République de Marseille.
Ils sont déférés ce jour devant le juge des libertés et de la détention, «en vue d’une comparution immédiate» jeudi, a ajouté le procureur, soulignant qu’ils «reconnaissent les faits et motivent leur action dans le cadre du conflit entre la Russie et l’Ukraine».
Selon le quotidien régional La Provence, les deux chercheurs, âgés d’une quarantaine et d’une cinquantaine d’années, avaient été «repérés par les policiers alors qu’ils participaient à une manifestation de soutien à l’Ukraine» devant l’hôtel de ville lundi soir. Ils ont indiqué en garde à vue que le mélange contenu dans les bouteilles en plastique lancées dans le jardin du consulat étaient un cocktail d’azote et de substances chimiques, rapporte le procureur.
Lundi matin, avant 8 heures, le consulat, situé dans le très cossu VIIIe arrondissement de Marseille, avait été visé par des jets de bouteilles suivis de détonations, qui n’ont fait ni dégâts ni blessés. «Trois bouteilles de soda en plastique 50 cl» ont été envoyées dans les jardins du consulat, avait indiqué la préfecture de police, précisant que deux d’entre elles avaient éclaté, générant des «détonations».
Une «attaque terroriste» pour Moscou
Cet acte, au troisième anniversaire du début du conflit en Ukraine, avait été aussitôt qualifié d’«attaque terroriste» par Moscou. «Les explosions survenues sur le territoire du consulat général de Russie à Marseille présentent tous les signes d’une attaque terroriste», avait affirmé lundi le ministère russe des Affaires étrangères. «Nous exigeons que le pays hôte prenne rapidement des mesures d’enquête complètes, ainsi que des mesures visant à renforcer la sécurité des établissements du ministère des Affaires étrangères», avait poursuivi la porte-parole du ministère, Maria Zakharova, citée par l’agence RIA Novosti.
L’ambassade de Russie en France avait pour sa part affirmé, sur son site Telegram, qu’elle «avait bien lancé un appel anticipé aux autorités françaises en exigeant d’augmenter le niveau de sécurité de toutes les institutions russes en France, compte tenu des éventuelles provocations ces jours-ci».
Le Comité d’enquête russe, organe chargé des principales investigations criminelles en Russie, avait annoncé lundi l’ouverture d’une enquête pour «attaque contre des personnes ou des institutions bénéficiant d’une protection internationale», des faits passible en Russie d’une peine allant jusqu’à 12 ans de prison.
«La France condamne toute atteinte à la sécurité des emprises diplomatiques», avait réagi dans un communiqué le ministère français des Affaires étrangères, rappelant que «l’inviolabilité, la protection et l’intégrité des emprises diplomatiques et consulaires, ainsi que de leur personnel, sont des principes fondamentaux du droit international».
Mise à jour : à 11 h 30, avec l’annonce de l’audience en comparution immédiate des deux chercheurs jeudi 27 février.