Dans le quartier Beaulieu, à Caen (Calvados), le centre pénitentiaire est comme blotti au milieu des immeubles d’habitation. A 11 heures, ce mercredi 15 mai, des voitures se garent à la va-vite dans les rues adjacentes. Quelques habitants passent une tête à travers la grille, pour venir témoigner leur soutien au personnel pénitentiaire endeuillé par la mort de deux de leurs collègues la veille, dans l’attaque à l’arme lourde du fourgon qui transportait le détenu Mohamed Amra. Trois autres ont été blessés, dont l’un avait toujours ce mercredi son pronostic vital engagé.
«Deuxième famille»
La cour de la prison est pleine, mais on pourrait entendre une mouche voler. La minute de silence, qui s’est tenue dans tous les établissements de France à l’appel de l’intersyndicale nationale pénitentiaire, en a ici duré dix. Les ombres d’Arnaud Garcia, 34 ans, et Fabrice Morello, 52 ans, flottent dans l’air. Des visages connus, des camarades de cantine : ces deux agents appartenaient au pôle de rattachement des extractions judiciaires (Prej), dont les locaux se situent dans la prison caennaise. Le premier, surveillant brigadier depuis 2009, était marié et attendait la naissance d’un enfant. Le second, capitaine depuis 1996, était pacsé et père de jumeaux de bientôt 21 ans. Ils sont les premiers agents de la pénitentiai