Tous les regards se sont soudain braqués sur eux. Un petit groupe d’hommes et de femmes, soudés, les mines graves dans leurs vestes marine brodées «Prej 93» sur la poitrine. «Ça aurait pu être l’un d’entre eux», souffle, sans les quitter des yeux, un surveillant du centre pénitentiaire de Villepinte. Ils ont eu besoin de se retrouver d’abord, ont décidé d’arriver un peu après les autres, ce mercredi 15 mai, devant les portes de la maison d’arrêt francilienne. Depuis l’aube, une soixantaine d’agents pénitentiaires de Villepinte (Seine-Saint-Denis), y compris leur directeur, se sont rassemblés là, répondant à l’appel de l’intersyndicale lancé la veille pour une opération «prison morte». «C’était important. Pour les familles des défunts, pour les collègues encore à l’hôpital… On est tous très choqués et dans la peine», glisse Cédric, surveillant de 45 ans.
Deux agents du Prej de Caen, le pôle de rattachement des extractions judiciaires, sont morts, mardi dans l’Eure, tués dans l’attaque violente du fourgon dans lequel ils transportaient un détenu, Mohamed Amra. Trois autres ont été grièvement blessés. Un tremblement de terre au sein de l’administration pénitentiaire qui n’avait pas connu de perte dans ses rangs depuis 1992. «On a tendance à oublier parfois qu’on fait un trava