Une mobilisation policière à la hauteur du choc provoqué par l’attaque. «Plus de 450 policiers et gendarmes» ont été mobilisés «rien que pour le département de l’Eure» dans les recherches du détenu en cavale – Mohamed Amra – ainsi du commando qui a pris d’assaut mardi un fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville, tuant deux agents et en blessant trois autres. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a affirmé ce mercredi 15 mai au matin sur RTL avoir «mis beaucoup de moyens pour retrouver non seulement la personne qui s’est évadée» mais aussi «le gang qui l’a libérée dans des conditions ignobles». L’hôte de Beauvau a vanté des moyens «sans précédent» mobilisés sur le sol français, soutenus par «une coopération internationale». «On met des moyens considérables, nous avançons beaucoup», a assuré le ministre.
Traque
Si le plan Epervier, déclenché aussitôt après l’attaque et qui peut durer au maximum quatre heures, a été levé mardi en fin d’après-midi, des forces restent mobilisées, a précisé la gendarmerie. L’équipe du GIGN, qui s’est rendue sur place, reste engagée pour participer à la traque de l’évadé et de ses complices.
Profil
«Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble», avait martelé la veille Eric Dupond-Moretti, estimant que «la nation est en deuil». L’attaque a été qualifiée de «choc» par le président Emmanuel Macron. «Nous serons intraitables», a-t-il promis. «Nous n’économiserons aucun effort, aucun moyen. Nous les traquerons. Nous les trouverons. Et je vous le dis, ils paieront», a surenchéri le Premier ministre, Gabriel Attal, à l’Assemblée nationale qui a observé une minute de silence.
L’émotion est également vive au sein du personnel pénitentiaire, au lendemain de la mort de deux d’entre eux. En signe de «soutien» aux fonctionnaires tués, l’ensemble des organisations syndicales de l’administration pénitentiaire ont appelé à une journée «Prisons mortes» ce mercredi, éventuellement reconductible. L’intersyndicale appelle également à observer une minute de silence à 11 heures dans l’ensemble de l’administration, tandis que le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a appelé toutes ses juridictions de la Chancellerie à faire de même.
Une réunion devrait avoir lieu entre le ministre de la Justice et les syndicats à 14 heures, pour évoquer une série de revendications. Parmi celles-ci, «la réduction drastique des extractions en favorisant l’utilisation de la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements», «une refonte et harmonisation des niveaux d’escorte».
Détention provisoire
Le détenu en fuite, Mohamed Amra, 30 ans, a déjà été condamné à treize reprises mais «aucune à ce jour pour infraction à la législation sur les stupéfiants», a précisé devant la presse la procureure de Paris Laure Beccuau. La dernière condamnation en date remonte au 7 mai, par le tribunal d’Evreux «pour un vol avec effraction», qui lui a valu dix-huit mois de prison.
Il était en outre en détention provisoire pour d’autres dossiers, dont une mise en examen pour complicité d’assassinat en bande organisée, enlèvement et séquestration, a-t-elle ajouté.
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Durant la courte détention de Mohamed Amra à Evreux, où il avait été transféré en avril pour être jugé, il avait été observé que les barreaux de sa cellule avaient commencé à être sciés, selon la magistrate. De quoi interroger les enquêteurs sur le timing de l’évasion. «C’est assez incompréhensible, j’ai peine à imaginer que ce garçon puisse être impliqué», a réagi l’avocat du détenu en cavale, Hugues Vigier. Cette opération «ne correspond pas au profil que j’avais perçu de lui, s’il est impliqué c’est que véritablement je m’étais trompé sur son fonctionnement et ce dont il était capable», a-t-il ajouté.
La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) a été saisie de l’enquête, confiée à l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) et la police judiciaire de Rouen.
Mise à jour : à 8h24, avec l’ajout des déclarations de Gérald Darmanin sur RTL.