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Justice

Attaque mortelle à Romans-sur-Isère en 2020 : l’assaillant jugé à partir de lundi pour «assassinats terroristes»

Ce réfugié soudanais avait tué deux personnes et blessé cinq autres dans une attaque au couteau en avril 2020 dans la Drôme. Des expertises psychiatriques ont conclu soit à l’altération, soit à l’abolition de son discernement. Des images en lien avec l’idéologie jihadiste avaient aussi été retrouvées dans son téléphone.

Après l'attaque à Romans-sur-Isère, le 4 avril 2020. (Jeff Pachoud/AFP)
Publié le 26/10/2025 à 16h52, mis à jour le 27/10/2025 à 8h05

A partir de ce lundi 27 octobre, la cour d’assises spéciale de Paris doit juger un réfugié soudanais souffrant de troubles psychiatriques, Abdallah O., plus de cinq ans après une attaque au couteau qui avait tué deux hommes et avait blessé cinq personnes à Romans-sur-Isère, dans la Drôme.

L’accusé comparaît devant juridiction criminelle «spécialement composée», c’est-à-dire sans jurés populaires, pour les faits d’assassinats et de tentatives d’assassinats terroristes. Le procès doit durer jusqu’au 7 novembre.

Dans la matinée du 4 avril 2020, l’assaillant avait tué à l’arme blanche Thierry N., client d’une boucherie âgé de 54 ans, et Julien V., un commerçant de 43 ans. Il avait également blessé cinq personnes au fil de son périple meurtrier dans le centre-ville de Romans-sur-Isère.

Selon les témoins de l’attaque, il avait agi sans prononcer «la moindre parole», «le regard vide», et avait «l’air hypnotisé» et «possédé», restant «très calme».

«Symptômes délirants, anxiété massive, sentiment dépressif»

L’état psychique de ce réfugié soudanais aujourd’hui âgé de 38 ans avait ainsi été au cœur des investigations menées lors de l’instruction au pôle antiterroriste du tribunal de Paris.

La première et la troisième des expertises psychiatriques réalisées, entre 2020 et 2023, avaient conclu à «l’altération» du discernement de l’assaillant - si elle est reconnue, la peine encourue n’est plus la perpétuité, mais trente ans de réclusion criminelle.

Mais la deuxième expertise, datée du 7 novembre 2022, avait, elle, établi «l’abolition» de son discernement, car il «présentait, depuis des semaines avant les faits, un tableau psychiatrique associant des symptômes délirants de persécutions, une anxiété massive, un sentiment dépressif».

«Il n’est néanmoins pas avéré [que ce trouble mental] ait été le seul élément à l’origine du déclenchement du passage à l’acte», avaient noté les deux juges d’instruction dans leur ordonnance de mise en accusation devant la cour d’assises spéciale, au printemps 2024. «Ce trouble associé au déracinement et à l’isolement dont souffrait Abdallah O. accentué par le début du premier confinement sanitaire ont fait partie des éléments déclencheurs du périple», avaient-ils ajouté, relevant que la veille des faits, l’assaillant avait «posté des écrits en lien avec l’idéologie de l’islam radical et justifié ainsi l’acte qu’il s’apprêtait à commettre».

Des fichiers et des images de propagande en lien avec l’idéologie jihadiste avaient notamment été retrouvés dans son téléphone portable. Au fil des interrogatoires, le Soudanais a déclaré ne pas avoir conservé de souvenirs du déroulé des faits. Il a évoqué avoir agi en réponse à «des voix qui lui enjoignaient de se délivrer».