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Cibles

Attaque contre des agents pénitentiaires dans l’Eure: les précédents

Après l’assaut meurtrier d’un convoi survenu ce mardi 14 mai au péage d’Incarville dans l’Eure, «Libération» fait le point sur les précédentes attaques ayant visé des agents escortant des détenus.
Le 28 janvier 2019, un commando armé a récupéré un détenu de 27 ans, plusieurs fois condamné, escorté du centre pénitentiaire de Béziers (Hérault) jusqu’au palais de justice. (Gerard Julien /AFP)
publié le 14 mai 2024 à 19h47

Au moins deux agents de l’administration pénitentiaire ont été tués et trois gravement blessés ce mardi 14 mai dans l’Eure lors de l’attaque du fourgon pénitentiaire qui transportait Mohamed Amra, un détenu au lourd passé judiciaire. L’assaut qui s’est produit au péage d’Incarville en Normandie, peu après 11 heures, a été mené par un commando de plusieurs malfaiteurs munis d’armes lourdes. Le gouvernement a promis de retrouver les auteurs, en cavale.

Le vendredi 11 septembre 1992 : huit détenus s’évadent de la centrale de Clairvaux après une fusillade mortelle

Pas de fourgon dans cette affaire, mais la mort d’un surveillant de prison. C’est sans doute la raison pour laquelle le ministre de la justice Eric Dupond Moretti a déclaré ce mardi 14 mai que l’assaut dans l’Eure était la première attaque meurtrière de ce type depuis 1992 pour des agents de l’administration pénitentiaire. Le vendredi 11 septembre 1992, huit détenus s’évadent de la centrale de Clairvaux dans l’Aube. L’évasion débute par une fusillade nourrie entre deux détenus munis d’armes de poing et les agents pénitentiaires. Au cours de l’échange de tirs, un surveillant de 42 ans, père de famille, est mortellement touché. Un prisonnier meurt également dans la fusillade. La confusion profite à l’évasion collective d’un groupe de huit prisonniers dont trois sont classés DPS (détenus particulièrement signalés), les plus dangereux. Au terme de leur cavale, tous les prisonniers sont repris par les forces de l’ordre, à l’exception d’un d’entre eux. Ils sont finalement condamnés en octobre 1999 à des peines de 6 à 20 ans de prison.

Le 11 septembre 2015 : pas de victime dans une évasion devant l’hôpital du Kremlin Bicêtre

Il est 11 heures 15 ce vendredi 11 septembre. Le fourgon pénitentiaire de la maison d’arrêt de Fresnes roule vers le CHU du Kremlin Bicêtre situé dans le Val-de-Marne. A son bord, un jeune détenu, condamné pour vol aggravé. A l’arrivée du convoi devant l’hôpital, deux individus se jettent sur les trois agents pénitentiaires et les attaquent à l’aide de gaz lacrymogène. Le détenu est alors extrait du véhicule et les trois hommes repartent à pied en direction de Gentilly. L’homme purgeait à la prison de Fresnes une peine de 3 à 6 mois de prison. Il était également en détention provisoire pour tentative de meurtre et mis en examen. Le déplacement au CHU du Kremlin Bicêtre s’explique par les multiples automutilations que s’était infligé l’individu. Le jeune homme avait déjà fait l’objet d’une tentative d’évasion lors d’un examen médical à l’unité hospitalière de Villejuif. Selon le directeur de la prison de Fresnes d’alors, Stéphane Scotto, l’homme avait tenté de fuir en escaladant un mur. La belle du jeune homme n’aura duré que 27 jours. Il est finalement arrêté à Marseille non loin du Vieux-Port, alors qu’il s’apprêtait à changer de planque.

Le 8 décembre 2016 : un baron de la drogue s’évade en Martinique et épargne les agents pénitentiaires

A bord du fourgon, trois agents équipés de gilets pare-balles mais non armés. Ils accompagnent un détenu du centre pénitentiaire de Ducos jusqu’au CHU de Fort-de-France pour y recevoir des soins. L’homme se trouve dans les escaliers de l’hôpital, accompagné par les agents pénitentiaires, lorsque trois hommes masqués et lourdement armés font irruption. D’origine uruguayenne, le détenu, Walter Perez Caruso, est âgé d’une soixantaine d’années. Selon la presse martiniquaise, c’est lui qui aurait demandé à ses hommes de pas abattre les agents pénitentiaires. Selon plusieurs sources policières, il aurait été impliqué dans une affaire de trafic international de drogue. Depuis son évasion, le baron de la drogue uruguayen et ses acolytes se sont volatilisés.

Le 28 janvier 2019 : des tirs devant le tribunal de Tarascon, trois évasions

Ce lundi 28 janvier 2019, une escorte pénitentiaire est prise pour cible devant le palais de justice de Tarascon (Bouches-du-Rhône). Le commando armé veut récupérer un détenu plusieurs fois condamné, escorté du centre pénitentiaire de Béziers (Hérault) jusqu’au palais de justice. Selon le procureur de la République de l’époque, l’opération a été menée «par des individus très déterminés» : au moins 11 douilles sont retrouvées sur les lieux, une de 9 mm et plusieurs de 5,52 mm correspondant au calibre d’un fusil d’assaut. Aucun des membres de l’escorte pénitentiaire n’est blessé et ils ne font pas non plus usage de leurs armes. Âgé de 27 ans, Lofty B., le prisonnier évadé évoluait «dans le spectre de la haute délinquance» selon le procureur. La cavale des trois hommes durera six mois. Ils sont finalement arrêtés dans un hameau isolé du Gard, non loin d’Alès. Le 20 janvier 2023, Lofty B., est condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour évasion avec armes et complicité de tentative de meurtre de personnes dépositaires de l’autorité publique. Quant à ses complices, ils ont écopé de 18 à 22 ans de prison pour tentatives de meurtre de personnes dépositaires de l’autorité publique et complicité d’évasion avec armes.