Menu
Libération
Justice

Attaques racistes visant Aya Nakamura : des peines d’amendes pour les identitaires des Natifs

Les membres du groupuscule d’extrême droite les Natifs, né après la dissolution de Génération identitaire, avaient déployé une banderole ouvertement raciste visant la chanteuse, plusieurs mois avant sa performance lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024.

Aya Nakamura s'était produite lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris le 26 juillet 2024. (Esa Alexander /AFP)
ParLudovic Séré
Journaliste - Actu
Publié le 17/09/2025 à 14h30

Bizarrement, le tribunal n’a pas été sensible à l’ode à la «liberté d’expression» qu’avaient joué les Natifs présents à l’audience début juin avec leurs avocats. Sur les treize membres du groupe identitaire accusés d’injures racistes envers la chanteuse Aya Nakamura, dix ont été condamnés ce mercredi 17 septembre à des peines allant de 1 000 à 3 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Paris, qui a requalifié les faits, considérant qu’il ne s’agissait pas de provocation à la haine, telle que l’accusation l’avait estimé, mais d’injure publique aggravée, une infraction moins grave. Trois militants ont été relaxés.

Les Natifs, groupuscule ayant pris la suite de Génération identitaire quand ce dernier a été dissous, avaient déployé sur l’île Saint-Louis (IVe arrondissement de Paris) une banderole le 9 mars 2024 en réaction aux rumeurs sur la présence d’Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, prévue quatre mois plus tard. «Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako», avaient-ils écrit, avant d’être relayés par le média d’extrême droite Livre noir, devenu depuis Frontières.

«Un climat raciste en France»

A la barre, seuls trois accusés sur treize avaient daigné se présenter, tentant de dépeindre l’audience en un «procès politique» contre une organisation qui refuserait «la disparition de notre peuple, de notre culture, de notre identité». Soit une définition de la pseudo-théorie raciste du «grand remplacement», désignant une supposée substitution de la population française «de souche» par les immigrés extra-européens. Les arguments n’avaient convaincu que les médias d’extrême droite présents dans la salle d’audience.

Pour le parquet, «la volonté des Natifs dans cette action collective [était] de discriminer et d’injurier Aya Nakamura en raison de ses origines maliennes. Ces propos vont à l’encontre même de notre pacte républicain, à l’encontre du premier article de notre Constitution». Dominique Sopo, président de SOS Racisme, partie civile dans cette procédure, avait quant à lui dénoncé «les auteurs de propos graves qui installent un climat raciste en France».

Quelques jours avant l’audience, Hichem Miraoui, un coiffeur tunisien de 45 ans, était tué par Christophe B., son voisin de 53 ans, à Puget-sur-Argens (Var). Le mis en cause avait publié une série de vidéos dans lesquelles il déroulait un discours aux relents de «guerre civile raciale», fantasmée par une partie de l’extrême droite française.