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Terrorisme

Attentat à la bombe à Lyon : le mis en cause condamné à la perpétuité six ans après les faits

L’Algérien Mohamed Medjdoub a été condamné lundi 7 avril à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, par la cour d’assises spéciale de Paris pour l’attentat à la bombe qui avait fait une quinzaine de blessés à Lyon, le 24 mai 2019.
Une bombe artisanale avait blessé une quinzaine de personnes, dont une fillette de 10 ans, le 24 mai 2019, dans une rue piétonne à Lyon. (Philippe Desmazes/AFP)
publié le 7 avril 2025 à 16h37

En explosant le 24 mai 2019 dans une rue piétonne lyonnaise, deux jours avant les élections européennes, la bombe artisanale avait blessé une quinzaine de personnes, dont une fillette de 10 ans. Six ans plus tard, Mohamed Medjdoub, l’homme à l’origine de sa fabrication et de son installation, a été reconnu coupable ce lundi 7 avril de tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste par la cour d’assises spéciale de Paris, compétente en matière de terrorisme, au terme d’une semaine de procès. L’Algérien de 29 ans, qui est resté assis pendant toute la lecture du verdict sans manifester la moindre émotion, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, conformément aux réquisitions du Parquet national antiterroriste (Pnat).

«Tous les objectifs ont été atteints et je ne regrette rien», avait affirmé l’accusé dans la matinée, choisissant le dernier jour pour enfin sortir du silence dans lequel il s’était enfermé. «Vous ne m’impressionnez pas, vous ne faites peur à personne», a-t-il notamment déclaré à l’adresse du magistrat du Pnat, Nicolas Braconnay. Décrit par les experts comme «narcissique» et «dangereux», Mohamed Medjdoub, 29 ans, a revendiqué «une victoire totale».

«Guerre civile»

Le jeune homme radicalisé, sympathisant du groupe Etat islamique, avait posé une bombe fabriquée par ses soins devant la boulangerie Brioche Dorée, dans une rue piétonne de Lyon, au printemps 2019. L’explosion de l’engin a causé une quinzaine de blessés. La bombe, emballée dans un sac en papier kraft, était composée de TATP – un explosif artisanal relativement facile à fabriquer – enfermé dans un tube de chips avec plus de 270 projectiles métalliques. Devant les enquêteurs, il a expliqué que son objectif était de créer un sentiment de peur pour que l’extrême droite gagne les élections. Une victoire de l’extrême droite exacerberait les tensions avec les musulmans et favoriserait «une guerre civile», espérait-il.

Mais, selon l’avocat général, l’objectif était bien de tuer. «Si sa bombe n’a tué personne, c’est uniquement dû au hasard», a-t-il fait valoir lors de son réquisitoire le 4 avril. «Tous les objectifs (de l’accusé) n’ont pas été atteints. Par fierté, par arrogance, il surjoue la maîtrise. Cela fait penser à ce mauvais magicien qui rate son tour et prétend ensuite l’avoir fait exprès», avait poursuivi Nicolas Braconnay. Le «choix du silence et du mépris» adopté par l’accusé a laissé «un goût amer» aux victimes et provoqué de «la frustration» pour tous, a-t-il par ailleurs estimé, dénonçant «le dogmatisme» et «l’arrogance narcissique» de l’accusé. Avant de conclure : «Monsieur Medjdoub a choisi le silence, il y retournera après la décision.»