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Libération
Gardes à vue

Attentat à Paris : le terroriste revendique son geste, une femme fichée S a été en lien avec lui avant l’attaque

Armand Rajabpour-Miyandoab, l’auteur de l’attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés samedi 2 décembre près de la Tour Eiffel, dit avoir agi en «réaction à la persécution des musulmans dans le monde». En garde à vue, le profil d’une femme de 27 ans interroge.
Sur les lieux de l'attaque, samedi soir. (Dimitar Dilkoff/AFP)
publié le 4 décembre 2023 à 17h19
(mis à jour le 4 décembre 2023 à 20h47)

Le terroriste auteur de l’attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés samedi près de la Tour Eiffel «assume et revendique totalement son geste» en garde à vue, ce lundi 4 décembre, d’après une source proche de l’enquête. Aux policiers, Armand Rajabpour-Miyandoab un Franco-Iranien de 26 ans, dit avoir agi en «réaction à la persécution des musulmans dans le monde». Il apparaît «très froid», «clinique» et «désincarné», a ajouté cette source, qui estime que «tout laisse à penser qu’il a agi seul».

Deux personnes, l’assaillant et une personne de son entourage, étaient toujours en garde à vue lundi soir, a-t-on appris auprès du parquet antiterroriste, tandis que la mesure a été levée pour ses deux parents. Celle de l’assaillant pourrait durer jusqu’à mercredi soir, s’agissant d’une enquête antiterroriste. Outre des membres de sa famille, une femme, déjà connue des services de renseignement, a été interpellée à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). L’assaillant l’a «vue la veille» de son passage à l’acte, selon la source proche de l’enquête. Les enquêteurs vont maintenant s’attacher à déterminer l’éventuel rôle qu’elle aurait pu jouer dans l’attaque.

D’après Europe 1 et Radio France, cette femme de 27 ans a même échangé des SMS avec l’assaillant juste avant qu’il ne passe à l’acte. Le profil de cette jeune femme interroge : elle fait l’objet d’une fiche S pour une radicalisation islamiste survenue en 2015, selon Europe 1. Elle a aussi été en lien avec plusieurs figures de la mouvance islamiste déjà condamnées pour terrorisme en France. Notamment Sarah Hervouët, impliquée dans l’attentat raté des bonbonnes de gaz de Notre-Dame en 2016 et condamnée à 20 ans de prison pour avoir poignardé un fonctionnaire de police lors de son interpellation.

Mais aussi Charaf-Din Aberouz, avec qui elle a entretenu une relation intime, qui a été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste pour avoir tenté de rejoindre en 2011 un camp d’entraînement d’Al-Qaïda au Pakistan. Il s’agit aussi du frère de Mohamed Lamine Aberouz, qui a lui été condamné le mois dernier à la réclusion criminelle à perpétuité dans l’attentat de Magnanville.

La Tour Eiffel aux couleurs d’Israël, «il n’a pas supporté»

Armand Rajabpour-Miyandoab, fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), interagissait régulièrement «avec des personnes connues des services de renseignement pour islam radical», confirme une source proche de l’enquête. Mais, ces personnes n’étaient pas «considérées comme étant porteuses de menaces». Les surveillances des services de renseignement ont été «accrues» depuis début octobre, lorsqu’il a quitté le domicile de ses parents pour s’installer en Essonne, a encore dit cette source. Dans ces surveillances et échanges en ligne, «rien ne laissait penser qu’il allait se livrer à un projet imminent» et «aucune infraction» qui aurait pu permettre d’enclencher une procédure judiciaire à son encontre n’a été détectée, selon la source.

Fin octobre, la mère de l’assaillant s’était rendue dans un commissariat pour alerter sur la «dégradation de l’état psychologique de son fils», depuis le déclenchement de la guerre Israël-Hamas. En garde à vue, l’assaillant a dit avoir choisi de mener son attaque près de la Tour Eiffel parce que c’est un «lieu symbolique» et «qu’il n’a pas supporté qu’elle soit allumée aux couleurs d’Israël».

Après le signalement de la mère, l’hospitalisation d’office n’avait pas été possible en l’absence de troubles. Sa mère ne voulait pas non plus demander son hospitalisation forcée. Elle avait eu un contact avec un médecin, mais sans son fils. Le médecin s’était alors «montré rassurant sur son état», selon cette source. L’assaillant dit avoir acheté un marteau, également utilisé lors de l’attaque, dans les semaines qui ont précédé l’attaque. L’acte a «potentiellement été préparé depuis plusieurs semaines», avait dit dimanche une autre source proche du dossier.

Mis à jour : à 20h45 avec la fin de la garde à vue des deux parents.