C’est peut-être ce calme qui surprend le plus en arrivant à Arras, vendredi en milieu d’après-midi. Comme si l’impensable ne s’était pas produit. Quelques heures plus tôt, un professeur de français a été tué, un autre enseignant, un agent technique et un agent d’entretien ont été blessés à la cité scolaire Gambetta-Carnot, en plein centre-ville. A deux pas, il y a comme une illusion de normalité. Cet homme en équilibre sur un pot de peinture retourné à l’envers, affairé à nettoyer les vitres d’un cabinet d’avocats. Un salon de coiffure où les barbes continuent d’être taillées. Les sourires sont accueillants. Seul l’écran plat ramène à la réalité. Branché sur BFM, le son à fond : «Enseignant tué : l’émotion dans tout le pays.» Vendredi, trois ans quasiment jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, une attaque terroriste vient d’être perpétrée au sein d’un établissement scolaire du Pas-de-Calais.
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Il est un tout petit peu plus de 11 heures et les collégiens de la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras ont faim. C’est l’heure de descendre, en grappes, vers la cantine. Ils ne le savent pas encore mais, sur le parvis, un homme au blouson gris et au masque blanc, brandissant un couteau et criant «Allah Akbar» menace plusieurs personnes qui tentent de se mettre à couv