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Mémoire

Attentats de 2015 à l’Hyper Cacher : dix ans après, une commémoration entre recueillement et inquiétude

10 ans après l'attentat contre Charlie Hebdodossier
Ce jeudi 9 janvier à la mi-journée, quelque 200 personnes, dont plusieurs ministres et la maire de Paris, se sont réunies devant l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes pour commémorer les dix ans de la prise d’otage meurtrière.
Devant l'Hyper Cacher, le 9 janvier 2025. (Stephane de Sakutin/AFP)
publié le 9 janvier 2025 à 15h09

Recueillement et «malaise» : dix ans après les attaques jihadistes de janvier 2015, une cérémonie d’hommage a eu lieu ce jeudi 9 janvier à Paris devant l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Dans le froid, outre les officiels, les religieux et les proches de victimes, quelque 200 personnes, voisins, riverains et élèves d’une école juive, ont assisté à la cérémonie placée sous haute surveillance policière et empreinte d’un grand recueillement. Plusieurs ministres étaient présents (Bruno Retailleau et Manuel Valls notamment) ainsi que le président du Sénat, Gérard Larcher, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.

Organisée par le Conseil représentatif des institutions juives des France (Crif) devant le supermarché où quatre personnes avaient été tuées en 2015, la cérémonie a débuté vers 12 h 30 et a duré une vingtaine de minutes. Dix bougies ont été allumées à la mémoire des personnes tuées lors des attaques de janvier 2015, des professeurs Samuel Paty et Dominique Bernard, des victimes de l’antisémitisme en France depuis le début des années 2000 et du terrorisme dans le monde, ainsi que des otages et victimes des attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Le grand rabbin de Paris Michel Gugenheim a ensuite lu un psaume et récité le kaddish, une pièce centrale de la liturgie juive, à la mémoire des victimes. La «prière pour la République» a été lue par le grand rabbin Haïm Korsia et le prêtre Christophe Le Sourt, de la conférence des évêques de France. La cérémonie a été conclue par une minute de silence suivie de la Marseillaise.

«La lutte contre l’antisémitisme doit être une cause nationale»

Il y a dix ans jour pour jour, le 9 janvier 2015, quatre clients de la supérette Hyper Cacher, Yohan Cohen, Yoav Hattab, Philippe Braham et François-Michel Saada, avaient été tués lors d’une prise d’otages menée par le jihadiste Amédy Coulibaly, se revendiquant de l’Etat islamique (EI). Il avait ensuite été abattu lors d’un assaut des forces de l’ordre. «On est dix ans plus tard et on sent un malaise, une solitude dans la communauté juive à cause de cet antisémitisme qui ne faiblit pas, a affirmé à des journalistes Elie Korchia, président du Consistoire central. La lutte contre l’antisémitisme doit être une cause nationale.»

«Ce qui s’est passé ici il y a dix ans a des causes qui, elles, n’ont pas été résolues», a relevé le président du Crif Yonathan Arfi devant des journalistes. «Très peu de gens prennent la mesure de ce qu’on a vécu, ça a été dur, appuie Brigitte Djien, 69 ans. Dès que ça touche à la communauté juive, il y a une sorte d’indifférence. Il y a dix ans, ça a bougé à cause de Charlie Hebdo. S’il n’y avait eu que l’Hyper Cacher, il n’y aurait pas eu le même retentissement.»

«On ne laisse rien passer», a promis le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. «Il y avait l’ancien [antisémitisme] porté par l’extrême droite. Il y a aujourd’hui un antisémitisme qui a deux visages. Le visage d’abord de l’islamisme […] Mais il y a aussi un autre visage de celles et de ceux, parfois élus de la République, qui instrumentalisent le drame palestinien à des fins politiciennes», a-t-il complété, visant LFI.

Une «soirée de débats et d’hommage», organisée par le Crif et Charlie Hebdo, sera organisée à partir de 19 heures à la Mutualité de Paris. Il s’agit de «retrouver l’esprit de la manifestation du 11 janvier 2015», qui avait réuni près de quatre millions de personnes dans le pays après les attentats, et de «réaffirmer un engagement républicain partagé pour la liberté d’expression, contre l’antisémitisme et l’islamisme, pour la laïcité», selon le Crif. Parmi les intervenants sont annoncés l’avocat de Charlie Hebdo Richard Malka, l’humoriste Sophia Aram, le directeur de la Fondapol Dominique Reynié et l’essayiste Caroline Fourest.