Etait-il pertinent d’utiliser des grenades lacrymogènes, des grenades de désencerclement et des lanceurs de balle de défense, de nuit et au bord de la Loire, sur un quai mal éclairé et non barriéré, pour faire cesser une soirée techno, le 22 juin 2019 ? A Rennes, au procès pour «homicide involontaire» du commissaire qui a mené cette opération de police, Grégoire Chassaing, tous les fonctionnaires sont du même avis : il n’y avait pas d’autre manière de faire. L’inspection générale de la police nationale (IGPN) elle-même a conclu que l’«usage de ces moyens [armes] s’est avéré nécessaire et proportionné».
«Je ne pensais pas en arriver là pour avoir mis de la musique.» Quadra chauve et penaud à la peau tannée, Eddy J. témoigne car il était DJ le soir de la Fête de la musique 2019, quai Wilson, à Nantes. En début de soirée, Grégoire Chassaing l’a prévenu qu’il fallait couper le son à 4 heures. Mais pas Nicolas R., membre du même collectif, qui est aux platines quand le commissaire revient vers 4 h 20. Après avoir baissé brièvement le son, Nicolas R. remonte le volume pour contenter les derniers fêtards. C’est le point de départ d’un engrenage qui aboutira à la mort de Steve Maia Caniço. A telle enseigne que Nicolas R. a été placé sous le statut de témoin assisté