Le constat est «brutal», reconnaît un avocat de parties civiles, mais mérite d’être questionné : le procès de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, qui s’ouvre ce jeudi 29 février, «peut sembler avoir peu d’intérêt», admet Emmanuel Spano dans son cabinet alsacien. Plus de cinq ans après l’attaque du 11 décembre 2018, qui a fait cinq morts et onze blessés, quatre hommes sont jugés devant la cour d’assises spéciale de Paris, dont seulement un pour des faits de nature terroriste. L’assaillant, lui, a été abattu dans le quartier de Neudorf où il résidait, après deux jours de traque et d’angoisse, alors qu’il venait de faire feu contre les policiers.
Interview
Il n’a laissé derrière lui qu’une vidéo d’allégeance à l’Etat islamique et un silence lourd, visqueux, dans lequel se débattent depuis des années des dizaines d’écorchés, de traumatisés et d’endeuillés. Face à cette absence, Emmanuel Spano a dû faire preuve de «beaucoup de pédagogie» pour répondre à ces interrogations lancinantes aux treize victimes qu’il représente : «Pourquoi ce procès a-t-il lieu alors que le terroriste est mort ? Pourquoi on ne peut pas juger un mort ? Pourquoi ceux qu’on juge ne le