«Rixe» : le mot parsemait les débats de jeudi, au tribunal correctionnel de Paris. Elle s’est jouée tard, dans la nuit du 14 au 15 septembre 2021, à l’heure où seuls quelques bars sont encore ouverts dans le chic IIe arrondissement de la capitale. D’un côté : des vingtenaires sortis bourrés d’une enseigne bien connue des soirées dans le quartier des Grands Boulevards. De l’autre : cinq policiers de la brigade anticriminalité de nuit du IXe arrondissement (BAC9N), en pause-café en terrasse. Deux des cinq fonctionnaires sont aujourd’hui poursuivis pour coups et blessures volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique.

Devant la deuxième section de la 10e chambre, Nicolas S., brigadier-chef qui revendique deux décennies sur la voie publique, décrit la bande d’en face : «Ce n’était pas la population à laquelle on a affaire d’habitude, avec des casquettes et des joggings. Non, c’était plutôt des jeunes un peu bobo, les cheveux longs. C’est pour ça qu’on essaye d’abord de les calmer.» D’après lui, les jeunes ont invectivé le personnel en passant devant ce bar où les fonctionnaires ont leurs habitudes. L’interposition vire à la bataille rangée. Aux enquêteurs, les vingtenaires décrivent ces «grands costauds, comme des Vikings», des hommes plus âgés qu’eux, «de type bikers, très