La silhouette longiligne en costume cravate pénètre dans la salle d’audience fébrile. François Molins vient de faire son entrée devant la Cour de justice de la République (CJR), ce jeudi 9 novembre, au quatrième jour du procès pour «prises illégales d’intérêts» du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. Dehors, une longue file d’attente s’étend, attirée par la promesse d’une affiche exceptionnelle, d’un duel de feu, en somme, l’acmé d’un procès inédit : la confrontation entre deux sommités judiciaires, l’ex-procureur général près la Cour de cassation, connu de tous les Français, et l’ex-ténor des assises, «Acquittator» devenu garde des Sceaux.
Retraité depuis cet été, François Molins s’approche de la barre. Les deux hommes ne s’échangent pas un regard. Il est 17 heures, le témoin entame sa déclaration liminaire. Cinquante minutes d’un exposé chirurgical. «Je ne suis pas là pour régler des comptes, ceux qui me conn