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Libération
A la barre

Au procès des mails de sextorsion par deux pirates : «Qu’on ne me fasse pas porter un chapeau bien trop grand»

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Quatre ans après une campagne massive de mails de chantage «cryptoporno» à la diffusion d’images intimes, deux hommes de 25 ans ont comparu devant le tribunal correctionnel de Paris. Avec, au cœur des débats, le périmètre des faits qui leur sont reprochés : la procureure a requis des peines de prison ferme, les avocats ont plaidé la relaxe.
Le tandem de pirates est soupçonné d’avoir infecté quelque 2 000 ordinateurs à l’aide d’un logiciel malveillant. (boonchai wedmakawand/Getty Images)
publié le 28 septembre 2023 à 10h59

C’est un dossier qui tient, pour ainsi dire, de l’entonnoir. Soit au départ, début 2019, des courriels de chantage : un pirate informatique anonyme affirme avoir piégé le ou la destinataire, qu’il aurait filmé dans l’intimité, via sa webcam, en plein visionnage de contenus pornographiques ; il réclame plusieurs centaines d’euros, à payer en bitcoins, faute de quoi il diffusera l’enregistrement aux proches de sa victime. Les messages de cet acabit arrivés à l’époque dans les boîtes mail d’internautes français se comptent, selon les enquêteurs, en millions.

Dans les six premiers mois de cette année-là, les autorités reçoivent une vingtaine de milliers de signalements, et enregistrent autour de 1 300 plaintes. Quatre ans plus tard, le lundi 25 septembre 2023, quand s’ouvre devant la 13e chambre du tribunal correctionnel de Paris le procès d’Augustin I. et Jordan R., âgés aujourd’hui de 25 ans, la cour a accusé réception de 149 demandes de constitution de partie civile.

Deux jours après, mercredi 27 septembre, certaines d’entre elles sont présentes, d’autres représentées par leur avocat. Elles n’ont pas cédé au chantage, mais elles ont eu peur ; elles réclament d’être indemnisées pour préjudice moral. «Je ne suis jamais allée sur un site pornographique, je craignais surtout un montage», dit une femme aux cheveux blancs, qui évoque «quarante-huit heures un peu difficiles». Une autre insiste sur des «perturbations psychologiques importantes». Des victimes sans n