Depuis qu’il est sorti de prison, en 2020, qu’il a quitté cette cellule dont les murs suintaient de moisissure, Aomar Aït Khedache vit seul avec son chien dans un appartement en région parisienne. Son fils cadet, chauffeur de bus, s’inquiète pour sa santé, il trouve que son père, complètement sourd, se replie de plus en plus sur lui-même. Et puis il faut aménager l’appartement pour qu’un futur fauteuil puisse passer entre les portes. Dans la cour d‘assises, le vieil homme de 69 ans, qui en paraît davantage, chemise rayée et lunettes un peu de traviole sur son nez, ne quitte pas son écran des yeux. Des sténotypistes tapent les débats en direct afin qu’il puisse suivre le fil. Il sort souvent de la salle, précédé du cliquetis de sa canne comme une petite musique.
Celui qui est considéré par les enquêteurs comme le «cerveau» du braquage de la star américaine, en 2016 à Paris, oscille désormais entre deux menaces : la maladie qui le ronge et la prison qui le guette. Autour de lui, ses coaccusés, surnommés les «papys braqueurs», ne sont guère plus flambards. Didier Dubreucq, 70 ans, doit s’absenter pour ses séances de chimiothérapie.