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Justice

Au procès du faux scandale d’espionnage chez Renault, les chefs en ombres chinoises

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Seules des petites mains du groupe comparaissent en correctionnelle à partir de ce mercredi 17 janvier. Elles doivent répondre du licenciement en 2011 de trois cadres accusés à tort d’avoir livré des informations à la Chine. L’état-major du constructeur a, lui, échappé aux poursuites.
Carlos Ghosn (à droite) et Patrick Pelata, alors numéro 2 du groupe, le 11 février 2010 à Boulogne-Billancourt. (Patrick Kovarik/AFP)
publié le 17 janvier 2024 à 13h22

«La présente information ne tend pas à incriminer les méthodes, fussent-elles contestables, de la société Renault à l’égard de ses salariés, mais des comportements personnels qualifiables pénalement.» Tout est dit dans cet extrait de l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de deux anciens salariés de la direction générale de la protection (DGP), cellule d’enquête interne, et de deux autres prestataires. Le banc des parties civiles sera plus garni : cinq anciens employés, faussement accusés d’intelligence avec la Chine, deux syndicats maisons et Renault en tant que personne morale. Le procès, qui débute ce mercredi, est prévu jusqu’au 26 janvier.

Janvier 2011, la direction annonce le licenciement de trois de ses cadres : Michel Balthazar, dans le grade le plus élevé avec le titre de directeur de l’amont et des projets, en charge du développement de la future voiture électrique, mais aussi Matthieu Tenenbaum et Bertrand Rochette. Ils font dans la foulée l’objet d’une plainte pénale pour «livraison d’informations à une puissance étrangère». Lors de l’entretien préalable au licenciement de l’un d’entre eux, Patrick Pélata, alors numéro 2 de Renault, balancera, sûr de lui : «On a découvert que tu avais fait des choses graves […], ça relève de l’espionnage industriel au profit d’intérêts étrangers.»