«La présente information ne tend pas à incriminer les méthodes, fussent-elles contestables, de la société Renault à l’égard de ses salariés, mais des comportements personnels qualifiables pénalement.» Tout est dit dans cet extrait de l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de deux anciens salariés de la direction générale de la protection (DGP), cellule d’enquête interne, et de deux autres prestataires. Le banc des parties civiles sera plus garni : cinq anciens employés, faussement accusés d’intelligence avec la Chine, deux syndicats maisons et Renault en tant que personne morale. Le procès, qui débute ce mercredi, est prévu jusqu’au 26 janvier.
Janvier 2011, la direction annonce le licenciement de trois de ses cadres : Michel Balthazar, dans le grade le plus élevé avec le titre de directeur de l’amont et des projets, en charge du développement de la future voiture électrique, mais aussi Matthieu Tenenbaum et Bertrand Rochette. Ils font dans la foulée l’objet d’une plainte pénale pour «livraison d’informations à une puissance étrangère». Lors de l’entretien préalable au licenciement de l’un d’entre eux, Patrick Pélata, alors numéro 2 de Renault, balancera, sûr de lui : «On a découvert que tu avais fait des choses graves […], ça relève de l’espionnage industriel au profit d’intérêts étrangers.»