Un nouveau drame lié à une course-poursuite avec la police. Un jeune homme de 18 ans qui circulait à scooter à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) est mort mercredi 13 mars dans la soirée après la collision de son deux-roues avec une voiture des forces de l’ordre. Le décès du conducteur, né en 2005 et originaire de La Courneuve, a été déclaré quelques heures après les faits. L’IGPN, la police des polices, a été saisie.

Les trois policiers qui se trouvaient dans le véhicule impliqué dans la collision étaient auditionnés ce jeudi après-midi par les enquêteurs de l’IGPN, a indiqué une source proche de l’enquête, précisant que la manœuvre du conducteur de la voiture de police n’était «pas un acte volontaire».

On ignore encore les circonstances réelles du choc mortel. D’après le récit d’une source policière à l’AFP, que Libération ne peut pas confirmer à cette heure, «vers 19h20», «deux individus casqués» sur un scooter auraient «commis un refus d’obtempérer». Alors qu’un «équipage de police le poursuit» dans une première voiture, le scooter «en fuite» aurait «percuté un second équipage» arrivant dans une autre voiture «en face» «avec ses avertisseurs sonores et lumineux activés».

Toujours selon cette source policière, le second véhicule de police «ayant fait une embardée suite à un refus de priorité commis par un tiers», il n’aurait «pas pu éviter l’impact avec le scooter, malgré une manœuvre de contournement».

D’après une source proche de l’enquête, des caméras de la ville ont filmé les faits. Les témoins rencontrés sur place par l’AFP réfutaient la thèse policière du refus d’obtempérer. D’après une vidéo diffusée sur X (ex-Twitter) par l’agence CLPress, fondée par le reporter Clément Lanot, un homme qui aurait été témoin des faits affirme qu’une voiture de police «venant d’un sens interdit» aurait «coupé la route» du scooter puis l’aurait «tamponné», avant que la victime ne «rentre dans une camionnette».

Le jeune conducteur a été victime d’un premier arrêt cardiaque avant d’être réanimé et transporté à l’hôpital, où il est décédé dans la soirée.

Deux enquêtes ont été ouvertes, a fait savoir le parquet de Bobigny. La première a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). La seconde, pour refus d’obtempérer aggravé, a été confiée au service de traitement judiciaire des accidents de la préfecture de police de Paris.

Le passager du deux-roues a été placé en garde à vue, selon une source policière. Ce jeudi matin, le parquet a fait savoir que sa garde à vue était levée et qu’il «a été emmené à l’hôpital».

Peu après minuit, des agents de l’établissement public territorial Plaine Commune s’affairaient à ramasser les débris restants, le scooter et la voiture de police n’étant plus sur la scène, a constaté une journaliste de l’AFP.

Des projections de sang étaient visibles sur une camionnette en stationnement. Au sol, du sable recouvrait les autres traces de la collision.

«Horreur. La lumière doit être faite sur les faits, les responsabilités. Personne ne devrait jamais mourir pour un refus d’obtempérer. La doctrine policière produit ces morts de façon structurelle. 16 en 1 an et demi. Nous le dirons encore et encore : il faut changer ce système», a réagi dans un message publié sur X (ex-Twitter) Bastien Lachaud, député LFI de la circonscription incluant Aubervilliers.

Ce drame vient s’ajouter aux nombreux cas récents de jeunes morts ces derniers mois en France lors de courses-poursuites avec la police. En décembre dernier, deux adolescents de 17 ans sont morts des suites de l’accident de leur scooter à Chelles (Seine-et-Marne), consécutif à un refus d’obtempérer.

Une semaine plus tard, un homme de 22 ans décédait dans des circonstances similaires à Marseille (Bouches-du-Rhône).

Auparavant, dans la nuit du 6 au 7 octobre, un jeune homme de 23 ans est mort dans un accident de scooter alors qu’il était poursuivi par des policiers municipaux à Saint-Priest (Rhône).

Deux mois plus tôt, dans la nuit du 5 au 6 août, à Limoges, deux jeunes circulant à scooter étaient morts après avoir percuté un véhicule en tentant d’échapper à un contrôle de police.

Ces deux décès à Limoges intervenaient un peu plus d’un mois après la mort, fin juin, de Nahel Merzouk, 17 ans, tué par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre. Sa mort avait déclenché plusieurs nuits de violences urbaines de très forte intensité dans le pays.

Mise à jour à 10h28, avec la levée de la garde à vue du passager du scooter, et la réaction du député Bastien Lachaud ; à 20 heures avec l’audition de trois policiers.