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A la barre

Féminicide : aux assises du Loiret, des «petits doutes» au «grand simulacre», le crime d’un «jaloux excessif»

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A Orléans pendant trois jours, la cour d’assises s’est penchée sur un féminicide qui avait ému le département en 2019. Pascal Hue avait signalé la disparition de son épouse, Florence Thibaudat, maquillé la scène et tenté de se couvrir avant de reconnaître l’avoir tuée. Il a été condamné mercredi 11 octobre à vingt-trois ans de réclusion.
(Coco ./Libération)
publié le 12 octobre 2023 à 15h27

Chaque matin, le petit club de retraitées trottine jusqu’à la salle, pressant le pas pour rafler les places du premier rang. Odile vient aux assises depuis dix ans – la correctionnelle, ça l’ennuie, «il n’y a que de la drogue et des vols» –, parce qu’elle aime les «études de caractère». Là, par exemple, dans le box, décrit-elle avec ses yeux pétillants et son ton de connaisseuse, «on a un pervers narcissique». «Plutôt un barge», la coupe sa voisine, chemisier à fleurs et rose à lèvres, très préoccupée par sa bataille contre les punaises de lit. Elle n’arrête pas d’y penser, aux «500 œufs par jour», à la blinde que ça lui coûte, aux vêtements qu’il faudra congeler et aux «mails envoyés en vain à Cyril Hanouna pour témoigner». «Thibaudat, c’est un nom très connu ici, une grande famille de gens du voyage», reprend Odile, imperturbable. Elle se souvient très bien de la disparition de Florence Thibaudat, en novembre 2019, des messages éperdus de son mari sur Facebook. Elle «n’y a pas cru une seule seconde».

Pendant trois jours, les jurés ont examiné un «meurtre sur conjoint» archétypal, un crime dont la mécanique recèle tous les ingrédients classiques : la possession, l’amour-propre froissé, la jalousie maladive. L’accusé a même surtitré, lors de ses