Avertissement
«Libération» couvre jusqu'à la fin de l'année 2024 le procès des viols de Mazan. Ces articles relatent la description de violences sexuelles et peuvent choquer.
A Avignon, depuis trois mois, chacun se scrute, se jauge : le pas pressé d’un journaliste à 8 heures du matin, un jour de grande affluence ; les rires complices d’accusés au café ; cet avocat tentant d’arracher un collage féministe du bout de l’ongle. A chaque suspension, les audiences s’échappent des hautes cloisons du tribunal. Dans un périmètre de quelques centaines de mètres, derrière les remparts séculaires, les rues sont envahies par les acteurs du procès des viols de Mazan. Un curieux microcosme où les parties civiles, les 33 accusés comparaissant libres, le public, les avocats, les juges, les journalistes se côtoient.
La géographie du quartier des Teinturiers se trouve remodelée par ces flux et reflux : la boulangerie la Gerbe d’or ou le bar à salades Chez Nico pour les midis pressés ; l’Offset ou la Cave des pas sages pour les longs débriefings houblonnés des journalistes… La fréquentation de certains lieux dessine une répartition sociale, même si les frontières restent mouvantes. Au bar la Brasserie, en début de procès, s’alignaient ainsi en terrasse magistrats, journalistes en pause et accusés. Ces derniers s’y affichant trop régulièrement, l’établissement a fini par hériter du triste surnom de «bar des accusés». Au fil des semaines, Youssef, le patron, leur a demandé de ne plus revenir. Diplomatiquement, sans en faire toute une histoire.
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