C’est la tragédie qui a agi en révélateur de la crise des modes de garde et des dérives de la privatisation du secteur de la petite enfance. Le 22 juin 2022, Myriam J., 27 ans, a empoisonné avec un détergent Lisa, un bébé de 11 mois, morte en quelques heures. Embauchée depuis trois mois dans une microcrèche du groupe privé People&Baby du IIIe arrondissement de Lyon, cette auxiliaire de puériculture était seule ce matin-là pour ouvrir l’établissement accueillant une douzaine d’enfants. Décrite par plusieurs parents comme étant «peu professionnelle, parfois exaspérée», «froide», «pas apte à prendre en charge des enfants», comme le retrace l’ordonnance de mise en accusation, elle a été mise en examen le 24 juin pour «meurtre sur mineur de moins de 15 ans» et écrouée à la maison d’arrêt de Corbas. Elle sera jugée du 1er au 3 avril par la cour d’assises du Rhône.
Ce 22 juin 2022, le père de Lisa est le premier à confier son enfant à 7 h 45 à Myriam J. Moins d’une demi-heure plus tard, deux mères arrivent à leur tour. L’employée, paniquée, prétend que la fillette a avalé par accident un produit pour déboucher les sanitaires et évoque aussi de la peinture. Lisa est prise de vomissements et de convulsions. Les brûlures à l’acide sulfurique progressent vite autour de sa bouche