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Justice

Bébé empoisonnée à Lyon : le parquet fait appel du verdict pour obtenir une condamnation pour meurtre

Le parquet de Lyon a annoncé, ce vendredi 11 avril, avoir fait appel du verdict rendu contre une employée de crèche, condamnée à 25 ans de prison pour avoir tué un bébé en lui faisant boire un produit caustique en 2022. Les jurés avaient écarté la qualification de meurtre, requise par l’avocat général.
L'affaire avait été jugée en première instance par la cour d'assises de Lyon, du 1er au 3 avril. (Olivier Chassignole/AFP)
publié le 11 avril 2025 à 11h08

Il y aura un nouveau procès pour le bébé empoisonné dans une crèche à Lyon. Le parquet de Lyon a annoncé, ce vendredi 11 avril, avoir fait appel du verdict rendu la semaine dernière contre une employée de crèche, condamnée à 25 ans de prison pour avoir fait boire un produit caustique à une fillette de 11 mois dont elle avait la charge en 2022. Myriam Jaouen, 30 ans, a été condamnée le 3 avril par la cour d’assises du Rhône pour «torture ou actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner», mais les jurés avaient écarté la qualification de meurtre, requise par l’avocat général et qui implique l’intention de tuer. Ce dernier avait demandé 30 ans de réclusion contre l’ex-employée de crèche, estimant qu’elle avait agi «en parfaite conscience» et «lâchement retiré la vie à une enfant sans défense».

Dès sa garde à vue, Myriam Jaouen avait reconnu avoir fait ingérer le liquide corrosif, un déboucheur de canalisation, à la petite Lisa, 11 mois. Mais elle a toujours nié avoir voulu la tuer. Après avoir présenté plusieurs versions, elle a admis avoir tenu la tête de l’enfant et versé le produit directement dans sa bouche. Elle ne supportait plus, selon ses explications, les pleurs de la petite fille.

«La famille avait exprimé que ce verdict était une seconde mort pour leur enfant»

L’appel du parquet général «ne m’étonne pas», a réagi Me Jean Sannier, avocat de l’association Innocence en danger, partie civile au procès, en relevant que le parquet avait «pendant toute l’instruction» puis lors du procès estimé qu’il y avait eu «intention» de donner la mort. «La famille avait exprimé que ce verdict était une seconde mort pour leur enfant, le parquet général a respecté cette souffrance complémentaire infligée par la cour», en faisant appel, a-t-il ajouté. La requalification est «difficilement compréhensible pour les parents», avait réagi leur conseil Me Catherine Bourgade, à l’issue du procès. Ils sont «choqués» par un jugement qui «rajoute de la douleur à la douleur», avait-elle encore dit.

La mort de Lisa dans une micro-crèche du groupe People & Baby avait suscité une profonde émotion et enclenché une série d’enquêtes administrative, parlementaires et journalistiques qui ont épinglé la course au rendement dans le secteur des crèches privées. Les parents de la fillette avaient toutefois souhaité garder ce débat à l’écart du procès qui s’était concentré sur la responsabilité de Myriam Jaouen. Mais en trois jours d’audience, ni l’accusée ni les experts psychiatres n’avaient pu parvenir à expliquer son geste.