Abdelaziz Fahd, qui doit comparaître cet été pour complicité dans l’attaque en 2019 de deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), est en garde à vue pour avoir tenté de se faire livrer un couteau en détention à Beauvais, a appris ce jeudi 27 mars l’AFP de source proche du dossier. Selon cette source, qui confirmait une information du Courrier Picard, il s’agissait d’un colis livré par drone, qui «a été intercepté», tandis que «le droniste a été interpellé». Contacté par l’AFP, le parquet national antiterroriste (Pnat) a confirmé avoir ouvert une enquête de flagrance, dans laquelle Abdelaziz Fahd est «effectivement en garde à vue».
D’après le secrétaire local du syndicat Force ouvrière (FO) du centre pénitentiaire de Beauvais, Abdelaziz Fahd, «notre plus gros détenu actuellement» arrivé «il y a quelques semaines» et placé «à l’isolement», «avait bricolé une canne à pêche artisanale pour récupérer le colis de sa cellule». Mais «il n’y est pas parvenu», les surveillants étant «intervenus avant», relate le syndicaliste. «On a une chance inouïe, il était à deux doigts de récupérer le colis, nous sommes passés à rien d’un drame», a encore estimé le syndicaliste. L’avocate du suspect n’a pas souhaité s’exprimer à ce stade.
Décryptage
Abdelaziz Fahd, acquis aux thèses de l’organisation Etat islamique, doit déjà être jugé devant la cour d’assises spéciale de Paris à l’été 2025, aux côtés de deux autres suspects, Michaël Chiolo et Nabil Ganned.
«Influence» et «personnalité dominante»
Le 5 mars 2019 à 9 h 20, Michaël Chiolo, qui purgeait une peine de trente ans de réclusion pour un crime de droit commun, et sa compagne Hanane Aboulhana, qui lui rendait visite, avaient gravement blessé deux surveillants avec deux couteaux en céramique dans l’enceinte du centre pénitentiaire ultra-sécurisé de Condé-sur-Sarthe. Les investigations ont révélé que le projet d’attaque ciblait également le directeur de la prison et des membres de la commission de l’application des peines.
D’après les magistrats instructeurs, chargés de ces investigations et qui ont ordonné un procès, Abdelaziz Fahd est soupçonné d’avoir utilisé «l’influence qu’il pouvait avoir sur M. Chiolo» et «sa personnalité dominante» pour orienter le projet de ce dernier. Lui a contesté au cours de ses interrogatoires toute participation à cet «acte fou». Cette attaque avait entraîné le blocage d’établissements pénitentiaires en France plusieurs jours consécutifs et conduit la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) à renforcer notamment les mesures de sécurité à Condé-sur-Sarthe.