«Tu vas faire quoi si je te tase ?» Ce sont les propos que rapporte Aly Diouara, député LFI de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis, qu’il se serait vu adressé par un policier mercredi 26 février. Dans un communiqué publié sur X, le parlementaire met en cause l’attitude d’agents de police lors du contrôle de deux jeunes dans la cité Karl-Marx de Bobigny. Selon Le Parisien, qui cite une vidéo de l’intervention, Aly Diouara demandait alors à un des agents de ranger son pistolet à impulsion électrique. Les autorités ont, elles, exprimé jeudi leur «soutien» aux fonctionnaires de police.
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Aly Diouara assure avoir été témoin d’«un contrôle au faciès». Dans son communiqué, il indique : «j’ai exercé mon droit d’observation de l’action des forces de l’ordre, sans interférer, afin de m’assurer de la légalité de l’intervention et du respect des droits fondamentaux des personnes concernées». Selon le député, «ce contrôle a donné lieu à une fouille illégale» des deux jeunes et de leurs téléphones, «en l’absence de tout motif légal».
Auprès du Parisien, un des deux hommes contrôlé témoigne : «Le policier m’a fouillé les poches, il m’a palpé les testicules, il m’a fait une carte bleue (le policier a passé sa main entre ses fesses). Franchement, il abusait sur les gestes.» Témoin de la scène, Aly Diouara est alors intervenu. Selon une source policière, les agents qui contrôlaient les jeunes «pour une consommation de stupéfiants» ont assuré avoir sorti leur pistolet à impulsion électrique quand un homme est intervenu pour demander des explications, parce qu’ils «ne savaient pas à quoi s’attendre» au moment où celui-ci glissait sa main dans sa poche pour sortir sa carte de député.
Absence d’infraction
Aly Diouara a, lui, mis en cause «une posture excessivement offensante» des policiers, alors qu’il se trouvait «dans l’exercice de son mandat parlementaire». Le député a reçu le soutien de personnalités de LFI, notamment de Jean-Luc Mélenchon qui a écrit sur X : «Ras-le-bol ! Nous exigeons le respect pour TOUS nos élus».
De son côté, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a affirmé son soutien aux fonctionnaires concernés et a défendu l’action de ses effectifs. Ils «n’ont fait qu’accomplir leur mission, dans le cadre des lois de la République», écrit-il sur X. Il a été rejoint par le préfet de Seine-Saint-Denis, Julien Charles, qui a également exprimé son «soutien aux fonctionnaires concernés».
L’adjointe au maire de La Courneuve, Betty Saint-Ubert, présente au moment des échanges entre le député et les policiers, a été interpellée pour «outrage» et placée en garde à vue plusieurs heures. Les policiers ont affirmé qu’elle les avait traités de «cowboys» et de «racistes», ce qu’elle a contesté. Pour son avocat, Me Ugo Valls, les «propos qu’elle a tenus n’étaient pas juridiquement constitutifs d’un outrage et ne justifiaient pas une garde à vue». «Des policiers se sont sentis mis en difficulté et ont décidé, pour ne pas perdre la face, d’interpeller la première venue, l’adjointe au maire qui était présente pour que le contrôle ne dégénère pas», a affirmé à l’AFP Me Valls.
Les deux jeunes contrôlés, eux, ont été laissés libres, pour absence d’infraction, selon la police.