Survenue en pleine Coupe du monde de rugby, l’affaire avait jeté un voile sombre sur la restauration française. Le patron d’un restaurant de Bordeaux où s’étaient déclarés 15 cas de botulisme en septembre, dont un mortel, liés à des sardines en conserve, a été mis en examen ce mercredi 6 décembre pour «homicide et blessures involontaires», «mise en danger de la vie d’autrui», «non-assistance à personne en péril» et «mise en vente de denrées corrompues ou toxiques». Il avait été placé en garde à vue mardi dans le cadre de cette enquête.
Les investigations ont permis de mettre en évidence «divers manquements aux règles d’hygiène sanitaire par le responsable de l’établissement, notamment quant à la confection des conserves artisanales», a écrit dans un communiqué Frédérique Porterie, procureure de la République à Bordeaux. Le parquet précise avoir «requis son placement sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer […] toute activité en lien avec la restauration». Les peines encourues oscillent entre deux et cinq ans de prison et 45 000 à 600 000 euros d’amende.
Reportage
Au total, 16 clients du Tchin-Tchin Wine Bar, un établissement prisé des touristes situé dans le centre de Bordeaux, avaient été identifiés comme «cas suspects de botulisme». Certains étaient de nationalité américaine, canadienne, irlandaise, grecque, britannique et allemande. Parmi eux, une femme de 32 ans est morte à son domicile à Paris après s’être présentée dans des hôpitaux. Toutes ces personnes ont en commun d’avoir mangé des sardines en conserve de fabrication artisanale dans ce restaurant entre le 4 et le 10 septembre à Bordeaux, ville qui accueillait alors deux premiers matches du Mondial-2023 de rugby (Irlande-Roumanie et Galles-Fidji).
Le botulisme est une affection neurologique rare et grave, mortelle dans 5 à 10 % des cas et provoquée par une toxine très puissante, produite par une bactérie qui se développe notamment dans les aliments mal conservés, faute de stérilisation suffisante. Elle engendre des problèmes oculaires (vision double), un défaut de déglutition et, dans les formes avancées, une paralysie des muscles, notamment respiratoires, qui peut conduire au décès.