Menu
Libération
Justice

«Brutal, grossier, agressif» : au procès Jubillar, un procureur à la barre pour avoir «crucifié» l’accusé, dénonce la défense

La deuxième semaine du procès de Cédric Jubillar s’est ouverte lundi devant la cour d’assises du Tarn, où est attendu l’ancien procureur de Toulouse. Dominique Alzéari est entendu au sujet d’une conférence de presse controversée en juin 2021.

Le colonel Guillaume Le Blond, gendarme français, Dominique Alzeari, procureur de Mulhouse, et le colonel François Despres donnent une conférence de presse au palais de justice de Mulhouse le 30 novembre 2017. (Sebastien Bozon/AFP)
Publié le 29/09/2025 à 10h47

L’accusation à la barre. Scène rare au procès Jubillar, ce lundi matin : l’ancien procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzéari est interrogé. A l’ouverture de l’audience, les avocats généraux ont demandé la diffusion de la conférence de presse du procureur, donnée le 18 juin 2021, au cours de laquelle il avait annoncé la mise en examen de Cédric Jubillar et son placement en détention.

Depuis «bien longtemps», la défense de Cédric Jubillar voulait le rencontrer «parce que cet homme a crucifié Cédric Jubillar dès le 18 juin 2021», estime l’un des deux avocats de l’accusé, Alexandre Martin. Lors de cette conférence de presse donnée avec le colonel de gendarmerie Philippe Coué, Dominique Alzéari détaille certains éléments du dossier, comme l’existence d’une «violente dispute» au sein du couple le soir des faits, selon leur fils, et décrit un Cédric Jubillar «brutal, grossier, agressif» dont il est démontré qu’il a proféré des «mensonges» en audition.

Ce magistrat «est venu expliquer qu’un certain nombre de choses étaient des vérités alors que ça s’est avéré être faux. Et c’est très préjudiciable à la défense, ça l’a été au départ, ça l’est encore aujourd’hui», a souligné Me Martin.

«Une conférence de presse mal maîtrisée»

«L’image qui a été initiée de Cédric Jubillar» et contre laquelle «on s’est battu pendant quatre ans et demi, c’est à cause des propos de monsieur le procureur Alzeari. Et j’attends avec impatience ce qu’il va nous dire», a encore insisté l’avocat qui, avec sa consœur de la défense Emmanuelle Franck, est à l’origine de la citation du magistrat devant la cour d’assises du Tarn.

Une telle audition est «assez rare» même si ce n’est «pas une première», souligne auprès de l’AFP une source proche du dossier. «On est dans la stratégie de la défense de déstabilisation de l’enquête», poursuit cette source, reconnaissant que ce 18 juin 2021, le procureur s’était montré «imprudent» lors d’«une conférence de presse mal maîtrisée».

Du côté des parties civiles, l’un des avocats des frères et sœur de Delphine Jubillar, Laurent de Caunes, n’attend rien de cette audition. «C’est du spectacle», a-t-il déclaré à l’AFP. «Toute la démarche de la défense est de faire de la dilution et de la diversion», a-t-il estimé la semaine passée, en commentant le travail de sape entrepris par ses deux confrères de l’autre côté de la barre, pour tenter de démolir le dossier construit par l’accusation.

«Les lacunes de l’enquête»

Invités à tirer un bilan de la première semaine de procès, Mes Franck et Martin ont quant à eux estimé avoir «démontré […] toutes les lacunes de cette enquête». Lundi, outre Dominique Alzeari, la cour entendra encore un gendarme et trois experts, avant de donner la parole à partir de mardi à la famille de la disparue.

Par deux fois lors de la première semaine du procès, Cédric Jubillar, 38 ans, a réaffirmé son innocence dans la disparition, en décembre 2020, près d’Albi, de l’infirmière de 33 ans dont le corps n’a jamais été retrouvé. Le verdict est attendu le 17 octobre.