Des heures qu’elle patiente, au premier rang, aux côtés d’une bonne partie de la fratrie Daoud. Il est 19 h 15, manteau gris sur le dos, Rania (1) s’avance enfin à la barre. «La définition du nom Chahinez, c’est la reine. Chahinez a été une reine.» Dans le prétoire de la cour d’assises de Gironde, sa sœur aînée s’est attelée à redonner vie à cette femme de 31 ans, brûlée vive par son mari, Mounir B., le 4 mai 2021 à Mérignac. «Elle était une merveilleuse sœur, une merveilleuse mère, elle était courageuse.»
Les images viennent à l’appui des mots de Rania, des fragments de vie, disposés en un patchwork où le sourire de Chahinez Daoud illumine les photos : la fête de circoncision, en Algérie, de son fils aîné, Mehdi (1), né d’une précédente union, le rouge à lèvres rouge pétant de cette férue de mode, le bonheur illuminant son visage aux côtés de ses trois enfants, enfin réunis en France le 3 mars 2021 pour son anniversaire. Le dernier.
Rania esquisse aussi, avec pudeur, la réalité de sa propre vie, remodelée par la violence. En 2021, elle quitte l’Algérie, avec ses deux parents, Djohal et Kamel, pour pouvoir s’occuper de ses trois neveux et nièces. Elle est désormais leur tutrice légale, une responsabilité qu’elle partage avec ses parents. «J’ai promis à Chah