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«C’est pas à moi qu’il faut en vouloir madame, c’est à votre mari» : le profil de Didier Sambuchi, condamné au procès des viols de Mazan

Procès des viols de Mazandossier
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Jugés depuis trois mois à la cour criminelle départementale du Vaucluse, Dominique Pelicot et 50 hommes sont accusés d’avoir violé son ex-épouse sous soumission chimique. Parmi eux, Didier Sambuchi, qui n’a cessé de soutenir que le viol était «involontaire».
publié le 11 décembre 2024 à 17h26

Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, dont la quasi-totalité étaient poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.

Nom : Didier Sambuchi

Age : 68 ans.

Profession : Retraité d’une société de transport.

Faits : Une venue, le soir du 30 janvier 2019.

Statut : Comparaît libre, après dix mois et vingt jours de détention provisoire.

Peine requise : Dix ans de réclusion criminelle.

Verdict : 5 ans d’emprisonnement, dont 2 avec sursis simple. Pas de mandat de dépôt, ressort libre.

Didier Sambuchi, alias «Samantha trav» ou «tétonsensibles» sur Coco, est venu jusqu’à Mazan pour, dit-il, avoir une relation homosexuelle avec Dominique Pelicot, rencontré sur le site libertin. Victime d’un viol alors qu’il était adolescent, il dit n’avoir jamais parlé de cet épisode avant sa rencontre avec une psychologue en prison. Il se décrit comme «bisexuel», dit qu’il préfère les hommes depuis qu’un cancer et une ablation de la vessie l’ont laissé impuissant. Il reconnaît que Dominique Pelicot l’avait informé de la présence de Gisèle. «Il m’a dit, tu verras, il y a ma femme, on fait un jeu de rôle, elle fait semblant de dormir.» Il impose à Gisèle Pelicot, inconsciente, plusieurs pénétrations digitales, sans «savoir qu’elle était droguée». «J’écoutais ce que Dominique Pelicot me disait de faire. J’avançais dans les actes sans comprendre ce qui se passait, sans me rendre compte qu’il y avait quelque chose qui clochait.» «Si Dominique Pelicot vous avez demandé d’étrangler sa femme, vous l’auriez fait ?» l’a interrogé la partie civile. «Oh ben non quand même !» répond Didier Sambuchi.

Devant la cour criminelle, l’homme plutôt grand à la barbe hirsute et à l’élocution pâteuse, n’a cessé de soutenir que le viol était «involontaire» et s’est efforcé, tout au long de sa comparution, à minimiser sa responsabilité, poussant les avocats de la partie civile à demander le visionnage de la vidéo. Il en ressort qu’à deux reprises, Didier Sambuchi a interrompu ses gestes après des mouvements de Gisèle Pelicot et est sorti de la chambre à la demande de Dominique Pelicot. Divorcé depuis ses 40 ans, il est père de deux enfants. A l’audience, sa petite sœur, une amie et une ancienne voisine sont venues témoigner en sa faveur, le décrivant tour à tour comme un homme «doux», «drôle» et «attentionné». Didier Sambuchi a fini par se tourner vers Gisèle Pelicot : «C’est pas à moi qu’il faut en vouloir madame, c’est à votre mari.»