«On ne demande pas un traitement de faveur, mais une prise en compte du handicap. On ne peut pas faire comme si ça n’existait pas.» Dans son cabinet parisien, Olivia Ronen déroule tout. Les audiences chaotiques, la visio erratique, les conditions de détention déplorables. Depuis janvier, l’avocate représente un homme sourd. Et depuis janvier, elle découvre l’ampleur des galères.
Son client, Djamal C., a été condamné pour des violences contre ses enfants et est accusé de viol par ses belles-filles, un dossier encore à l’instruction. Il est incarcéré depuis décembre. Si le détenu et son conseil clament son innocence, un autre gros sujet s’impose à eux. «La justice n’est pas adaptée pour les personnes handicapées, et notamment les personnes sourdes», martèle Olivia Ronen. De fait, la situation de son client illustre un problème systémique.
«Une situation malheureusement trop récurrente»
Comme nombre des 300 000 à 500 000 personnes sourdes en France, Djamal C. «ne sait pas très bien lire, pas très bien écrire», expose Me Ronen. Lors d’une audience au tribunal correctionnel de Beauvais, au mois de janvier, aucun interprète en langue des signes n’avait pu être trouvé, et la présidente avait dû renvoyer le dossier concernant les violences sur les enfants. Mais encore fallait-il expliquer la situation à Djamal C. Dos au mur, Me Ronen a décidé de faire appel à