La défense de Gaël Perdriau ne semble pas avoir convaincu. Une peine de trois ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité avec exécution immédiate a été requise ce lundi 29 septembre à l’encontre du maire de Saint-Etienne, dans l’affaire dite du chantage à la sextape.
«Le dossier démontre de manière totalement claire, même s’il s’en défend, que c’est Gaël Perdriau qui a validé le piège» et «il est évident que ce chantage a eu lieu», a déclaré la procureure Audrey Quey au 6e jour du procès devant le tribunal correctionnel de Lyon. L’édile de 53 ans, écarté des Républicains, avait fait savoir vendredi qu’il démissionnerait de la mairie s’il était condamné, sans attendre de faire appel.
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Gaël Perdriau nie avoir participé au complot que d’anciens membres de son entourage admettent avoir mis sur pied, restant sur la ligne qu’il a adoptée depuis la révélation du scandale par Mediapart. Le 26 août 2022, le site d’informations avait publié une enquête présentant Gilles Artigues, ancien député et longtemps premier adjoint du maire, comme victime d’un piège destiné à brimer ses velléités d’indépendance.
Le «seul à nier l’évidence»
«Gaël Perdriau est le décideur, celui qui avait la main sur la manette nucléaire», a ajouté la procureure, en reprochant à celui-ci d’être «le seul à ne pas avoir évolué» au cours de la procédure, le «seul à nier l’évidence».
Pour cette raison, elle a demandé une peine plus lourde contre lui que contre les autres protagonistes du dossier : soit cinq ans de prison, dont deux avec sursis, une peine «non aménageable», 50 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité.
La procureure a souligné mesurer «le trouble démocratique» d’appliquer immédiatement cette peine, ce qui empêchera Gaël Perdriau, exclu du parti Les républicains, de se représenter aux municipales de mars.
«Mais les décisions de justice doivent être harmonisées pour être comprises par nos concitoyens, et les faits sont d’une abjectivité (sic) et d’une vilenie autrement plus graves que des dossiers de détournements de fonds», a-t-elle poursuivi, en référence à l’affaire des assistants parlementaires du RN.
La magistrate a par ailleurs demandé un an de prison ferme, pouvant être aménagé au domicile sous bracelet, contre l’ancien directeur de cabinet du maire, Pierre Gauttieri.
Celui-ci a assuré à la barre que, dès son élection en 2014, Gaël Perdriau lui avait demandé de trouver un moyen de «tenir» son premier adjoint Gilles Artigues, dont il doutait de la loyauté. Ce dernier, un élu centriste catholique, opposant au mariage homosexuel, a été filmé à son insu en 2015 dans une chambre d’hôtel à Paris.
La procureure a requis deux ans fermes contre l’ancien adjoint à l’Education Samy Kéfi-Jérôme et son ancien compagnon Gilles Rossary-Lenglet qui, selon elle, ont une «participation équivalente» dans la mise en œuvre du piège.
Audrey Quey a en revanche demandé la relaxe pour deux couples à la tête d’associations stéphanoises, accusés d’avoir perçu des fausses subventions municipales, reversées à Gilles Rossary-Lenglet. Selon elle, ils ont été bernés par ce dernier.
Mis à jour à 16h54 avec davantage de contexte et le déroulé des autres réquisitions