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Justice

Chantage à la sextape : l’ex-directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne mis en examen

Pierre Gauttieri, l’ancien bras droit de Gaël Perdriau, est visé pour «association de malfaiteurs» dans l’affaire du kompromat sur le premier adjoint centriste Gilles Artigues.
Gaël Perdriau à Saint-Etienne, le 17 décembre 2023. (Olivier Chassignole/AFP)
publié le 4 janvier 2024 à 12h55

Le feuilleton politico-judiciaire stéphanois se poursuit. Pierre Gauttieri, l’ex-directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne, a été mis en examen le mois dernier pour «association de malfaiteurs» dans l’affaire de la sextape visant à faire chanter le premier adjoint centriste. Cette «mise en examen supplétive» a été prononcée le 18 décembre à l’encontre de l’ancien bras droit de Gaël Perdriau (ex-LR), en poste de 2014 jusqu’à son licenciement pour «rupture de confiance» fin 2022, a délcaré ce jeudi 4 janvier le parquet de Lyon, confirmant une information de Mediapart.

Celui qui n’a pas hésité à se présenter comme un homme «sans foi ni loi» usant de méthodes de «criminel» était déjà poursuivi pour «chantage», «détournement de fonds publics» et «utilisation d’images à caractère sexuel» depuis avril.

Durant une nouvelle audition par les juges d’instruction, Pierre Gauttieri, qui avait jusque-là nié toute responsabilité dans le tournage de la vidéo compromettante, a par ailleurs directement mis en cause le maire, affirmant que la décision de faire chanter le centriste Gilles Artigues visait à le neutraliser politiquement, avance le média d’enquête. «Il a donné son feu vert quand ça lui a été soumis par moi», a témoigné Pierre Gauttieri aux magistrats, selon les extraits de procès-verbaux d’audition récupérés par Mediapart, en assumant avoir «menti» dans un premier temps. Confirmant des motivations «politiques», il a déclaré aux magistrats : «La décision du kompromat sur Gilles Artigues revient au maire.»

Face à ces nouvelles accusations, le maire de Saint-Etienne a contesté «avec force» les «nouvelles déclarations» de Pierre Gauttieri, qui sont selon lui «en totale contradiction avec celles qu’il a faites depuis le début de la procédure». Il ajoute dans un court communiqué : «Et je maintiens avec la même force ne pas avoir demandé, organisé, bénéficié, ni de près ni de loin, d’un quelconque chantage.» Un de ses avocats, contacté par l’AFP, s’est dit «scandalisé par les violations renouvelées du secret de l’instruction».

«Je m’en occupe»

Fin août 2022, Mediapart avait dévoilé l’existence d’une scène intime ; tournée en janvier 2015 dans un hôtel parisien avec un escort-boy dans le but de faire chanter le premier adjoint. Le 6 avril, Gaël Perdriau a été mis en examen pour chantage, en même temps que Pierre Gauttieri, son ancien adjoint Samy Kéfi-Jérôme et l’ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet. Exclu du parti Les Républicains, il a toujours refusé de démissionner de ses fonctions électives à la mairie de Saint-Etienne, tout en se mettant en retrait de la métropole.

Lors de sa récente audition, l’ex-directeur de cabinet a en outre appuyé les déclarations de Gilles Rossary-Lenglet qui affirme avoir «demandé 40 000 euros pour réaliser cette opération», et explique que le maire lui aurait déclaré «je m’en occupe».

Fin septembre, Gilles Rossary-Lenglet a transmis à la justice et à Mediapart un nouvel enregistrement, portant sur un projet de chantage, remontant à juin 2015, cette fois-ci contre l’ancien maire de Saint-Etienne Michel Thiollière (UMP-rad). L’idée, selon lui, était de piéger l’ancien élu avec une prostituée mineure.

Suite à ces déclarations, le parquet de Lyon a pris un réquisitoire supplétif pour élargir le champ de l’enquête, désormais également ouverte pour association de malfaiteurs, en vue de préparer le délit de chantage. Michel Thiollière a annoncé avoir décidé de se «constituer partie civile, compte tenu des mises en examen pour association de malfaiteurs pour les faits (le) concernant».