Un maire sortant en procès. L’édile de Saint-Etienne Gaël Perdriau fera l’objet d’un procès dans l’affaire du chantage à la sextape qu’il est accusé d’avoir orchestré contre son ancien premier adjoint Gilles Artigues, a annoncé le parquet de Lyon ce mercredi. Dans un communiqué transmis à l’AFP, le procureur de Lyon Thierry Dran a demandé le renvoi du maire de la préfecture ligérienne pour «chantage, soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique et participation à une association de malfaiteurs».
L’affaire, révélée par Mediapart, porte sur des soupçons de chantage exercé contre l’ancien premier adjoint centriste Gilles Artigues, un rival potentiel du maire, filmé dans une chambre d’un hôtel parisien en janvier 2015 en train de se faire masser par un escort-boy. Ancien espoir de la droite, exclu du parti Les Républicains et vilipendé par ses opposants, Gaël Perdriau a toujours clamé son innocence en dépit des enregistrement à la disposition des enquêteurs et dit qu’il ne démissionnerait pas de la mairie.
Profil
Interrogé par l’AFP mercredi sur le réquisitoire du parquet de Lyon, celui qui s’est seulement mis en retrait de ses fonctions à la métropole de Saint-Etienne a refusé de s’exprimer à ce stade, indiquant ne pas avoir encore reçu les documents.
Trois autres personnes poursuivies, quatre non-lieux prononcés
Le parquet a également requis un procès contre trois anciens proches du maire soupçonnés d’avoir organisé le tournage de la sextape. L’ancien directeur de cabinet Pierre Gauttieri sera jugé pour les mêmes chefs que le maire, mais aussi pour «utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel». L’ancien adjoint à l’Education, Samy Kefi-Jérôme, est poursuivi pour «atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement pour transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel». Enfin, l’homme à l’origine des révélations, ex-conjoint de Samy Kefi-Jérôme, Gilles Rossary-Lenglet, sera jugé pour «complicité de chantage».
En revanche, le parquet requiert un non lieu contre quatre autres personnes mises en examen par les magistrats instructeurs, des couples à la tête d’associations stéphanoises soupçonnées d’avoir servi à rémunérer les auteurs de la sextape en échange de prestations fictives financées par la mairie. Dans leur cas, l’enquête n’a pas permis «de caractériser […] des charges constitutives de ces infractions», explique Thierry Dran.
Il revient désormais aux juges d’instruction de rendre l’ordonnance de clôture de l’information judiciaire, précise-t-il. Ces derniers avaient rendu en octobre un avis de fin d’information, mais une demande d’acte avait ensuite repoussé de plusieurs mois la fin de l’instruction, laissant planer un doute sur la possibilité d’organiser un éventuel procès avant le scrutin municipal. Gilles Artigues, lui, s’est retiré de la vie politique.