La justice allemande a acquitté ce mardi 8 octobre Christian Brückner, considéré comme le principal suspect dans la disparition de Maddie McCann, qui était jugé pour plusieurs infractions sexuelles dans une procédure distincte de l’enquête sur la fillette britannique. Une peine de quinze ans de prison avait été requise par le ministère public dans ce procès. Cet Allemand de 47 ans comparaissait depuis février pour deux agressions sexuelles et trois viols commis entre 2000 et 2017 au Portugal. Ces affaires sont distinctes du dossier Maddie, disparue en 2007 dans le même pays, énigme criminelle, au retentissement mondial où les fausses pistes et les rebondissements ont été nombreux.
Dans leur réquisitoire, les procureurs avaient qualifié l’accusé, délinquant sexuel récidiviste, de «dangereux sadique psychopathe». Un expert psychiatre a estimé qu’il appartenait à «l’élite de la dangerosité». Mais au terme de plusieurs mois d’audience, le tribunal n’a pas paru convaincu par les déclarations de plusieurs connaissances de l’accusé ou témoins sur lesquels repose une large part de l’accusation dans les crimes jugés à Brunswick. Les traces d’ADN font défaut dans les différents cas.
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Cet acquittement ouvre la voie à la remise en liberté de Christian Brückner dans le courant de l’année prochaine, lorsqu’il aura fini de purger la peine pour viol qui lui vaut d’être incarcéré depuis plusieurs années en Allemagne. Il s’agirait aussi d’un revers pour le parquet de Brunswick, qui espère qu’une nouvelle condamnation – et une nouvelle peine de prison – lui donneront plus de temps pour ses investigations dans l’affaire Maddie McCann. Le parquet allemand a indiqué qu’il allait faire appel du verdict d’acquittement. «Nous considérons que le jugement est erroné», a déclaré le procureur général, Christian Wolters
Violeur masqué
La justice allemande avait fait sensation en 2020 en disant être convaincue de l’implication de Christian Brückner, alors détenu en Allemagne, dans la disparition de la fillette britannique. En 2007, Maddie a disparu à l’âge de 3 ans de l’appartement de location où elle passait des vacances pendant que ses parents dînaient à proximité. Sa disparition a donné lieu à une campagne internationale et une mobilisation médiatique hors du commun.
A l’époque des faits, l’accusé vivait sur la côte portugaise de l’Algarve, à proximité du lieu de villégiature des McCann, et un téléphone portable à son nom a borné près de leur logement pendant une demi-heure le soir de la disparition. Les enquêteurs allemands affirment avoir des «preuves concrètes» de la mort de Madeleine. La défense dénonce au contraire un acharnement judiciaire. Dans les cas jugés depuis février en Allemagne, l’avocat de Christian Brückner estime aussi que les preuves sont insuffisantes.
Regard intense, souvent en veste et chemise, l’accusé aux cheveux châtains ne s’est pas exprimé durant son procès. Deux plaignantes l’ont identifié après que sa photo a fait le tour du monde en 2020 en lien avec l’affaire McCann. Parmi elles, une femme qui a été agressée sexuellement alors qu’elle avait 10 ans sur une plage de l’Algarve en avril 2007, quelques semaines seulement avant la disparition de Madeleine McCann. Dans un autre cas, Brückner était accusé de s’être exhibé devant une enfant portugaise de 11 ans sur une aire de jeux. Il était aussi jugé pour le viol d’une septuagénaire, attachée et battue dans son appartement de vacances, d’une enfant d’environ 14 ans attachée à un poteau dans sa maison et d’une Irlandaise de 20 ans chez laquelle il était accusé d’être entré en passant par le balcon. Cette dernière a livré devant le tribunal un témoignage glaçant décrivant un viol accompagné de violences et filmé. L’auteur était masqué.
Christian Brückner purge actuellement en Allemagne une peine de prison de sept ans pour le viol, en 2005, d’une Américaine âgée à l’époque de 72 ans, à Praia da Luz, la localité où a disparu Madeleine McCann.