La question des prisonniers «politiques» a toujours été épineuse dans les relations entre l’Etat et la Corse. Alors au moment où l’île est en proie à d’importantes manifestations depuis la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna début mars, le gouvernement multiplie les mains tendues pour tenter d’apaiser les tensions. L’exécutif s’est engagé à transférer dans la prison de Borgo (Haute-Corse) deux détenus corses, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, incarcérés actuellement incarcérés à Poissy (Yvelines).
Et le déplacement de ces deux hommes condamnés à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac pourrait avoir lieu rapidement, «d’ici à l’été», précisent même des proches du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, cités par France Info. Le ministère de l’Intérieur, contacté par Libération, n’avait pas encore confirmé l’information au moment de la publication de cet article.
Le 8 mars, le Premier ministre, Jean Castex avait levé «pour des raisons humaines» le statut de «détenu particulièrement signalé» (DPS) de Colonna. Trois jours plus tard, il avait pris «dans un esprit d’apaisement» la même mesure pour Alain Ferrandi et Pierre Alessandri.
Récit
En visite en Corse depuis mercredi et jusqu’à vendredi, Gérald Darmanin avait posé l’apaisement des tensions comme condition incontournable avant des discussions qui pourraient «aller jusqu’à l’autonomie». «Il ne peut pas y avoir de dialogue sincère en démocratie sous la pression des bombes agricoles et la présence, ou l’omniprésence, des forces de l’ordre», avait souligné mardi soir le ministre de l’Intérieur dans une interview à Corse Matin.
Mais pas question non plus pour Gérald Darmanin d’admettre que ce sont les manifestations et la tension en Corse qui ont poussé le gouvernement à prendre ces décisions : «Je crois que c’est faux, [c’était] dans l’ordre des choses.» Reste que pour acter leur rapprochement, il fixe «un préalable», «le retour au calme». «Ce ne peut pas être la rue qui commande», a-t-il martelé.