Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.
Nom : Andy Rodriguez
Age : 37 ans.
Profession : Sans emploi.
Faits : Une venue, la nuit du 31 décembre 2018 au 1er janvier 2019.
Statut : Comparaît libre, après douze mois en détention provisoire pour «viol aggravé».
Peine requise : Onze ans.
Verdict : 6 ans d’emprisonnement, avec une mesure de suivi socio-judiciaire pendant cinq ans. Fixe à trois ans la durée d’observation maximum encourue en cas de non respect.
Gisèle Pelicot n’avait aucun répit, ni le soir de son anniversaire, ni durant ses vacances à l’Ile de Ré ou chez sa fille Caroline, pas non plus durant le réveillon du Nouvel an. Andy Rodriguez, 37 ans, s’est rendu le 31 décembre 2018 au domicile des Pelicot, car il n’avait «rien d’autre à faire ce soir-là». Souffrant d’une addiction à l’alcool depuis son adolescence, consommateur régulier de cocaïne, il était «l’évité, pas l’invité», ironise-t-il à la barre. Il entre en contact avec Dominique Pelicot quelques heures plus tôt. Le trentenaire, qui se faisait appeler «Micha» sur Coco, croit à «un jeu sexuel» du couple, «un délire entre eux». A la cour, il assume «ne pas avoir réfléchi», insistant sur le fait qu’il n’a pas eu «l’intention de violer». Sur les vidéos, Dominique Pelicot lui souffle «chut, tu vas la réveiller».
Père de deux enfants, Andy Rodriguez déroule la thèse du consentement par procuration, bien qu’il fasse partie des 14 accusés ayant reconnu les faits, le 2 septembre : «Comme le mari m’avait donné la permission, pour moi elle était d’accord.» A l’expert psychiatre, cet ancien ouvrier agricole déclarait ne pas avoir pensé qu’il commettait un viol car «il l’a bien vécu». «Il n’est pas parti plus tôt, car il se trouvait nu face à un Dominique Pelicot imposant, dans une situation qui lui faisait peur, sans avoir reçu de menace», résume Laure Chabaud, la vice-procureure dans son réquisitoire. Andy Rodriguez a grandi dans une famille unie. Son casier affiche quatre condamnations, dont deux pour violences conjugales en 2019, puis en 2023 après sa sortie de détention provisoire. Une condamnation ayant mené à sa réincarcération d’août 2023 à avril 2024.