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Interview

Condamnation de Marine Le Pen : «Il y a une intolérance profonde à l’idée qu’un élu puisse répondre de ses actes devant la loi»

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Affaire des assistants: le RN en procèsdossier
Le juriste en droit public Nicolas Hervieu revient sur l’inéligibilité de cinq ans prononcée à l’encontre de Marine Le Pen par le tribunal correctionnel de Paris. D’après l’enseignant à Sciences-Po, cette décision, longuement motivée par les juges, relève d’une stricte application de la loi.
Marine Le Pen au tribunal judiciaire de Paris, le lundi 31 mars. (Denis Allard/Libération)
publié le 2 avril 2025 à 5h52

Pour Nicolas Hervieu, juriste en droit public et enseignant à Sciences-Po, le tribunal correctionnel de Paris n’a fait qu’appliquer la loi en condamnant Marine Le Pen à quatre ans de prison, dont deux ferme, et à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires du Front National (depuis devenu Rassemblement national). Le procès fait à un prétendu «gouvernement des juges» n’est, selon lui, que le symptôme «d’une intolérance profonde aux contre-pouvoirs».

Comment les trois juges motivent-ils leur décision, en particulier cette peine d’inéligibilité à effet immédiat ?

Leur jugement est très complet [plus de 150 pages]. Il tient d’ailleurs compte de tous les arguments échangés lors du procès. Chaque citoyen devrait le lire et se faire un avis. Chacun percevra alors que les juges ont fait ce que font les juges : appliquer la loi. Or en matière d’atteinte à la probité, les textes votés par le législateur ces dernières décennies vont tous dans le même sens : ce sont des faits graves, que l’éthique démocratique justifie de réprimer sévèrement. Ce n’est pas un hasard si, dans leur jugement,