Des élus locaux avaient dénoncé «un acte islamophobe de plus». Lionel M., 27 ans, est jugé ce mercredi 30 juillet au tribunal correctionnel de Lyon pour avoir dérobé un Coran de la mosquée de Villeurbanne avant d’y mettre le feu, le 2 juin, un peu avant 4 heures du matin.
Après une plainte déposée le lendemain des faits par un représentant de la mosquée Errahma, le suspect avait rapidement été identifié grâce à des images de vidéosurveillance dans l’établissement religieux. La brigade anticriminalité l’avait interpellé. Lionel M. avait immédiatement reconnu les faits, affirmant vouloir se venger de deux musulmans qui l’auraient agressé un peu plus tôt, alors qu’il leur avait demandé une cigarette. Il est depuis placé en détention provisoire.
«Il se prend souvent pour Dieu»
Selon les informations de Libération, Lionel M. est suivi depuis ses 18 ans pour schizophrénie mais il a été déclaré apte à être jugés par des experts psychiatres. L’homme se dit à la fois chrétien et juif, et affirme avoir déjà subi «de nombreuses agressions physiques de la part de musulmans du fait de son port de la kippa», relate le PV d’audition consulté par Libération. La mère du mis en cause a déclaré à la Tribune de Lyon que son fils, arrivé en France à l’âge de 4 ans, a été diagnostiqué schizophrène paranoïaque et que ses symptômes se sont aggravés à l’adolescence. «Il se prend souvent pour Dieu», affirme celle qui, comme curatrice du mis en cause, l’assiste dans tous les actes qu’il ne peut accomplir seul. Son acte est très regrettable, mais il n’est pas raciste, il est juste malade.»
Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, estime auprès de Libération que «ceux qui commettent des actes répréhensibles ont parfois des profils instables» mais que «ce n’est pas une excuse». «Ce monsieur savait où il mettait les pieds. Il est allé prendre un Coran, l’a sorti et l’a brûlé, il savait ce qu’il faisait, ajoute le recteur. Attenter au livre saint de cette façon, c’est quelque chose de très grave pour la communauté musulmane.»
Contacté, l’avocat des parties civiles, Me Sefen Guez Guez, se réjouit de «la réactivité de la justice dans ce dossier» et espère «une sanction exemplaire au regard de la dangerosité psychologique de l’auteur». De son côté, la conseille du mis en cause, Me Sarah Reverchon, n’a pas répondu à nos questions. Selon le Progrès, Lionel M. a demandé le 26 juin à être libéré en attendant son procès, invoquant des «tortures» de la part d’autres détenus. La demande a été rejetée par le tribunal.
«Certains musulmans n’osent pas porter plainte»
Les actes islamophobes enregistrés de janvier à mai 2025 ont augmenté de 75 % par rapport à 2024, avec un triplement des atteintes aux personnes, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Sur les cinq premiers mois de l’année, 145 actes islamophobes ont été recensés, contre 83 en 2024 sur la même période.
Reportage
Plus précisément, les atteintes aux personnes, qui représentent les deux tiers des actes islamophobes, ont augmenté de 209 %. Néanmoins, selon Kamel Kabtane, ces chiffres ne refléteraient pas entièrement la réalité car «certains musulmans n’osent pas porter plainte lorsqu’ils sont agressés». «Si les musulmans déposaient plainte à chaque insulte, les statistiques seraient plus importantes.»